Niger : la dot et son évolution avec le temps
Image d'illustration © Faride Boureima / Studio Kalangou

Niger : la dot et son évolution avec le temps

La dot, bien qu’elle tire son origine de diverses religions et cultures à travers le monde, son évolution dans le temps nous fait comprendre les différents visages et les significations que celle-ci prend d’une génération à une autre. D’abord, la dot est considérée dans la société nigérienne, comme un cadeau lors d’une demande en mariage pour la future mariée. De nos jours les jeunes nigériens, en âge de se marier, garçons comme filles, veulent montrer au monde la magnificence de leur mariage à travers des dépenses extravagantes, chacun veut que son mariage soit le ‘’plus beau mariage de l’année’’. Cette appréhension du mariage induit naturellement de la compétition et à la difficulté de se marier pour ceux qui n’ont pas les moyens.

Comment la dot est offerte dans la société traditionnelle ?

Sur cette question les avis diffèrent et tout dépend de l’appartenance ethnique ou de la culture de la personne, mais dans le temps, la dot n’était pas aussi chère car c’était juste un symbole de demande d’union. Recevoir la somme de 50 mille F CFA était la somme la plus élevée. Certains garçons donnaient, en guise de dot, un champ ou la récolte d’une saison à la future mariée et sa famille. Hajia Rabi, femme âgée et gardienne des traditions haoussa de Doutchi explique comment la réception de la dot se passait à leur temps : « c’est à l’amie de la jeune fille qu’on remettait l’argent de la demande de mariage, constituant la dot. L’amie à son tour se rendait chez la mère de la future mariée et mettait cet argent dans une calebasse dédiée à cet effet. Ainsi, la procédure du mariage est lancée. Les parents appellent la copine de leur fille pour avoir plus d’information sur cette demande de mariage». Hajia Rabi, raconte qu’avant, dans son village, une jeune femme peut recevoir plusieurs demandes en mariage avant de porter son choix définitif sur un seul : « personnellement j’ai reçu trois (3) dots, il a fallu la quatrième pour que j’accepte de me marier…» confit-elle.

Toujours chez les Haoussas dans une localité de Doutchi,une demande en mariage se passe comme suit : « Le père du garçon, après avoir parlé avec la famille de la jeune fille, fait appel à l’ami de son fils pour lui demander d’aller en éclaireur voir si la jeune fille convient pour le mariage, et du côté de la fille c’est sa meilleure amie qui sera d’abord informée » explique une mère de famille au micro du studio Kalangou, elle continue en expliquant que lors de « La première visite du jeune homme, la jeune fille étale une natte pour l’accueillir ; si le garçon ne lui plait pas, la visite suivante, elle retournera la natte, faisant asseoir le courtisan, pour lui exprimer qu’il est rejeté.» .

Aujourd’hui la dot reste est – elle abordable ?

Aujourd’hui, la dot est devenue, pour certains, la preuve du pouvoir et de la capacité de subvenir au besoin d’une famille. Beaucoup de parents refusent le mariage de leur fille si la dot proposée n’est pas consistante. Une jeune fille victime de ce genre de situation à Niamey s’exprime : « lui et moi avons parlé de la somme de la dot et il n’a pas tenu parole sur ce que nous avons convenu, cela a fait un peu de bruit. Mes parents ont donc refusé notre union », ce genre d’incident est assez fréquent de nos jours, c’est le cas à Agadez où la cherté de la dot fait polémique, cela empêche beaucoup de jeunes de fonder une famille. Un jeune annonce ainsi que : « moi j’ai été victime, j’ai amené la dot mais la famille de ma copine l’a refusée comme c’est 500 mille F CFA, ils ont voulu que la somme soit un million… et maintenant je suis là sans femme ». Un autre appelle les parents de revoir le montant de la dot pour leur faciliter de fonder une famille.

Selon une autre mère de la région d’Agadez : « c’est bien normal que nous fixions une dot très élevée de nos jours, car les meubles coutent très chers, il y a aussi l’organisation de la cérémonie, la valise de la jeune mariée ( des présents composés de pagnes, bijoux, chaussures, produits de beauté etc…) et la valise que la belle-famille fait comme cadeau à son beau-fils (Bazins, souliers, tissus, montre, parfums, savons…) qui coûtent très chères. Et les préparatifs, ce n’est pas facile… ».