Le désert nigérien : le piège pour migrants
Un groupe de migrant du Niger et du Nigeria SOULEMAINE AG ANARA / AFP

Le désert nigérien : le piège pour migrants

Le désert nigérien ou le « Ténéré » avec ses 400 000 km2 d’étendues sablonneuses est l’une des zones les plus inhospitalières du monde.

Son climat désertique, chaud et hyperaride, ne permet quasiment aucune vie végétale hormis dans les oasis.

Quatre fois, l’équivalent du Bénin, le désert du Ténéré est le passage préféré des migrants voulant rejoindre l’Europe. Avec la loi criminalisant les passeurs de migrants au Niger ; à partir de 2015, une baisse drastique de l’immigration clandestine est observée.

Malgré cette mesure, d’autres candidats continuent l’aventure au péril de leur vie.

Sauver les migrants

Secourus à Séguédine

Le 8 avril 2023, treize migrants de retour de Libye ont été secourus par les lanceurs d’alerte de l’ONG Alarme phone Sahara (APS) dans le Kawar.

C’est dans la zone de Séguédine, ville du centre-est du Niger, dans le département de Bilma, qu’Alarme phone Sahara a secouru ces treize migrants, tous de nationalité nigérienne.

Ces derniers ont été retrouvés grâce à un appel satellitaire d’un point focal de l’APS explique Elhadj Lawel Taher, membre de la société civile. « Le point focal a téléphoné et donné les coordonnées géographiques, on a pu mobiliser un véhicule qui est parti les dépanner ».

Selon Elhadj Lawel Taher, « ils ont voulu passer directement au puits Espoir » sautant du coup les localités de Dao Timmi et Dirkou, c’est par là-bas que le véhicule est tombé en panne.

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Malgré les moyens limités, alarme phone Sahara continu de secourir des migrants précise Elhadj Lawel Taher.

Assamaka, ville de transit pour les migrants

Assamaka, cette bourgade nigérienne, située à seulement 15 kilomètres de la frontière algérienne, est connue pour accueillir des migrants refoulés de ce pays maghrébin.

Depuis le début de l’année, plus de 5 000 migrants ont été refoulés de l’Algérie vers Assamaka. Ce sont en majorité des personnes en situation de vulnérabilité composées majoritairement d’hommes, de femmes, d’enfants, de personnes âgées.

Bien que le phénomène ne soit pas nouveau, il a toutefois pris une plus grande ampleur durant le premier trimestre de l’année 2023.

Dans un communiqué de presse en date du 9 avril, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) indiquait que le nombre de migrants bloqués au Niger demandant son assistance «  a augmenté de 35 pour cent en 2022 ». Une année durant laquelle précise le communiqué, « plus de 17 000 migrants ont été assistés par l’OIM, par rapport à 2021 et continue d’augmenter en 2023.

Selon le gouverneur de la région d’Agadez, le dispositif de ravitaillement en eau d’Assamaka est vétuste. « Nous avons trois forages, il n’y a qu’un seul fonctionnel ». Les capacités d’accueil du centre de santé intégré de type II sont dépassées par cet afflux de personnes refoulées. « Quatre personnes pour gérer des personnes qui viennent d’être refoulées, qui sont traumatisées. Cela complique énormément la tâche » a déclaré Magagi Dada, gouverneur de la région d’Agadez.

La région d’Agadez ne peut pas supporter pendant longtemps, faire face et satisfaire entièrement ces besoins a souligné le 3 avril 2023 le gouverneur, Magagi Dada.

L’appel des migrants

La récente situation de la migration à Assamaka est présentée comme un drame humanitaire aux confins du désert.

Près de 19 nationalités, plus de 5 000 personnes sont bloquées dans cette ville frontalière avec l’Algérie.

Pour ces migrants subsahariens ; une seule chose, retourner immédiatement dans leurs pays respectifs.

D’une voix désespérée, un migrant guinéen lance un cri d’alarme aux autorités guinéennes afin qu’elles interviennent. « J’aimerais juste que nos ambassades nous viennent aide ». Avant d’ajouter, « Mr le président Mamadou Doumbouya, venez à l’aide, on a nos compatriotes qui meurent dans le désert ».

Un second migrant sénégalais rencontré par Studio Kalangou à Assamaka, la souffrance est insoutenable. « Ce qui se passe ici, c’est déplorable… Il n’y a pas de médicament, on ne mange pas bien, il n’y a pas de couverture, il fait très froid ici ».

« Nous sommes des Ivoiriens, il y a des Guinéens, des Maliens, il y a des femmes enceintes, il y a des malades. On souffre, on veut rentrer au pays ». Ce sont là des propos d’un migrant ivoirien refoulé d’Algérie vers Assamaka.

Interview de Elhadj Lawel Taher

Interview du gouverneur de la région d’Agadez

Par Faride BOUREIMA.