« L’élimination du mariage des enfants,  c’est possible ».

« L’élimination du mariage des enfants, c’est possible ».

Le Niger a célébré  mardi, 11 octobre 2016, la cinquième journée internationale de la jeune fille. Avec comme thème national « la lutte pour l’élimination du mariage des enfants, c’est possible ». Selon un rapport de l’Unicef de 2011, le Niger est en tête des pays à forte prévalence de mariages des enfants.  

L’un des reporters du Studio Kalangou a rencontré à Niamey la jeune Fati, mariée très jeune à un adulte.

Fati a aujourd’hui  20 ans, elle semble avoir repris goût à la vie, même si elle garde toujours au fond d’elle les mauvais souvenirs de son mariage et des années d’après.

Elle n’avait  que 13 ans lorsque ses parents l’ont obligé à épouser un homme dont elle ignorait l’identité. Un calvaire dont elle garde le souvenir au fond d’elle. D’autres petites filles de son âge ont été aussi victimes de cette pratique, courante dans son village. 

« Je n’ai pas du tout voulu de ce mariage », dit-elle, « mon propre père ne l’a pas voulu non plus. C’est son grand frère qui m’a donné de force en mariage de même que ma sœur jumelle, et c’est le même jour à des hommes que nous ne connaissions pas. Je suis originaire du village de Torodi. Et cette pratique est une tradition. On te donne à un homme que tu n’as jamais vu. »

Après, deux ans de mariage, Fati tombe enceinte. Une grossesse difficile ; loin de ses parents, elle n’a personne pour l’aider ou la soutenir. Cela se passe mal. Elle devient  « fistuleuse1», et rejetée par ses proches. Elle raconte :

« J’ai fait 2 jours de travail, j’avais très mal. Au troisième jour on m’a transporté au centre de santé du village. Mais vu que j’avais trop souffert, ils m’ont transféré à la maternité centrale de Niamey. J’ai subi une intervention mais l’enfant est arrivé mort-né. A cause des complications du travail je suis devenu fistuleuse. Tous mes parents m’ont rejeté y compris mon propre mari. »

Aujourd’hui Fati a retrouvé la santé grâce aux soins d’une ONG qui s’occupe des femmes fistuleuses à Niamey. Elle souhaite reconstruire une nouvelle vie.

1. « Fistuleuse » de « fistule » ; la fistule est une pathologie qui résulte d’accouchements précoces ou difficiles. Elle consiste en une perforation de la paroi du vagin, qui entre ainsi en contact avec la vessie et/ou le rectum. En clair, la femme fistuleuse devient incontinente. Officiellement, la fistule touche 2 millions de femmes dans le monde.