Ibrahim Yacoubou, sur la Présidence de l’UEMOA : « le droit est avec nous »

Ibrahim Yacoubou, sur la Présidence de l’UEMOA : « le droit est avec nous »

Quelques jours après son retour de sa visite diplomatique en Russie, le ministre des affaires étrangères Ibrahim Yacoubou, a accordé à Studio Kalangou une interview exclusive, sur l’objet de sa visite en Russie et certains autres points concernant notamment le problème de succession à la commission de l’UEMOA.

Extraits :

 » Le Sénégal a écrit au président Ouattara pour lui proposer un nom qui pourrait être président de la commission de l’UEMOA. Le Niger a écrit le lendemain pour dire que nous ne concevons pas que cela puisse se passer ainsi. Pour la simple raison que si ça devait se passer comme que les sénégalais le voudraient aujourd’hui, cela serait en violation 1 du traité qui met en place l’UEMOA.

Le traité qui met en place l’UEMOA dit que les états membres vont s’organiser de tel sorte que la présidence de la commission de l’UEMOA soit assurée à tour de rôle par les états. C’est ça le principe ; lorsque (cette).organisation a été créée et lorsque tous les chefs d’état ont accepté de signer le traité. Donc celui qui vient de finir son mandat, c’est un sénégalais, donc il est totalement souhaitable que ce soit un autre qui vienne. …..En plus nous, le Niger, pour ce qui nous concerne, nous en 2011 nous étions candidat pour assumer les fonctions de la présidence de la commission de l’UEMOA. Devant les difficultés pour établir un consensus, les chefs d’état en novembre 2011 ont convenu de la mise en place d’un « gentleman agreement ». Le candidat que le Sénégal avait présenté à l’époque, lui avait assuré la possibilité d’assurer un mandat et un mandat unique, à partir duquel seul le Niger était habilité à présenter un candidat pour la succession  du candidat sénégalais. Donc normalement, conformément aux textes qui sont en place, aucun autre pays que le Niger ne peut présenter de candidat et cela a été la décision des chefs d’état de l’UEMOA qui ont consacré cette décision dans un acte de cette organisation. L’acte numéro 7 de l’année 2011 qui a été signé et a été très clair. Le candidat du Sénégal assurera un seul mandat et un mandat unique.  A la fin de ce mandat, le principe de rotation devait être mis en place. Et dans le cas de ce principe de rotation, le Niger était habilité à présenter un candidat pour assumer les fonctions de l’UEMOA. Donc il n y a aucune autre interprétation possible que celle de demander au Niger de présenter un candidat pour être président de la commission. Et c’est pour cela que nous avons été surpris de voir cette lettre du Sénégal qui postule sur le fait qu’il serait encore intéressé à présenter un candidat. C’est une situation anormale, c’est une situation qui ne se justifie pas et c’est une situation qui viole l’accord et les actes que les chefs d’Etat ont pris et c’est pour cela…..nous disons que nous avons le droit de notre côté, nous avons l’engagement des états de notre côté et nous souhaitions que les états reviennent à la sagesse nécessaire qui puisse permettre au Niger de briguer et d’assurer cette fonction-là. »

Selon certaines sources, le Niger n’a qu’une lettre d’engagement signée par l’ex président Abdoulaye Wade. Est-ce que le Sénégal pourrait obtenir cette présidence en usant de son poids économique ?

 » D’abord ce n’est pas vrai. Notre fondement ce n’est pas une lettre. Notre fondement c’est un acte de l’UEMOA. Les actes de l’UEMOA s’impose à tous les états, il s’agit de l’acte numéro 7/11. Si quelqu’un parle d’une lettre d’engagement ou quoique ce soit, il n’a pas dit la vérité. Nous disons que l’accord des chefs d’état de 2011 a été porté par un acte de notre organisation. Et tous les actes de l’UEMOA s’imposent à tous les chefs d’états.

Deuxièmement ce n’est pas une question de poids économique. Les organisations sont battis sur la solidarité. Et l’accord commun des états qu’ils expriment à travers le texte constitutif. Donc quel que soit la puissance économique d’un état il ne peut s’en prévaloir à partir du moment où les règles qui fixent les directions des organes sont fixées dans un traité qui fait que tous les états ont acceptés d’être dans une organisation. Si les états étaient tellement puissants, est-ce qu’ils auraient besoin d’être dans une organisation commune ? Je ne pense pas qu’un argument de puissance économique puisse être le motif qui lie les états dans une organisation. L’UEMOA n’a pas été construite pour ça. L’UEMOA a été construite pour bâtir un processus d’intégration au niveau sous régional, au niveau de nos 8 états et pour aboutir à ce processus nous avons mis des règles de jeu qui sont en place depuis des années. Personne ne pense qu’un jour on puisse avoir des problèmes de succession. Ce sont des règles qui ont été mises en place et que tous les Etats doivent respecter. Et ces règles disent clairement, 1 c’est le principe de rotation. Et deuxièmement depuis 2011, la succession du candidat du Sénégal ne pourrai être assurée que par un nigérien. …..

Il n’y a absolument aucun lien entre une question de candidat et notre place à l’UEMOA. Mais nous avons autant d’énergie, autant de détermination à demander que l’acte soit mis en œuvre. Au demeurant ça va au-delà du président de la commission de l’UEMOA. Si les actes n’étaient pas respectés, l’UEMOA ne pourrait pas prospérer. Aucune organisation ne peut fonctionner si les actes ne sont pas respectés. Si donc cet acte n’est pas respecté, je vous prie donc de croire que beaucoup d’actes ne le seront plus et nous aurions vraiment dans ce cadre-là une organisation totalement faible qui ne pourra pas réaliser ces objectifs. «