La langue française au Niger : l’opinion du chercheur Mamoudou Djibo

La langue française au Niger : l’opinion du chercheur Mamoudou Djibo

La Semaine internationale de la francophonie se poursuit.

C’est l’occasion de s’interroger sur la qualité du français parlé dans le monde et plus particulièrement au Niger.

Diallo Mariama Kendah  a interrogé l’enseignant chercheur Mamoudou Djibo….Il analyse  la situation du français dans le Niger de 2017……Sur  une population de 17 millions,  moins de 2 millions parlent couramment le français.

Mamoudou Djibo explique : « La francophonie est restée institutionnelle et elle est restée une affaire des élites. Regardez sur toute bande sud du Niger, par exemple le haoussa de ces zones est truffé de mots anglophones plus que de mots francophones. Donc en réalité, le français est presque une langue de ville, une langue des élites, une langue des cadres, la langue de ceux qui ont été à l’école. Le gros du peuple ignore le français ou ne peut baragouiner que quelques termes. Et, former des élèves en français, c’est impossible. »

« J’ai écouté récemment sur les réseaux sociaux, quelqu’un qui a enregistré une enseignante qui passe tout le temps à crier à tue-tête à ces élèves : « Wa saba ga né I, wa saba ga né o». Aujourd’hui la plupart de nos enseignants contractuels…. enseignent en zerma ou en haoussa. Nous n’avons pas fait la promotion du zerma, du haoussa, du tamasheq ou d’une autre langue nationale. La langue officielle que nous avons adoptée, nous l’enseignons mal, donc on ne pas répondre au rendez-vous du développement. »

Mamoudou Djibo rappelle l’importance de la francophonie :

« La francophonie, c’est une organisation qui a été créée pour faire la promotion du français comme langue à travers le monde et de la culture française. La bataille du 20e siècle, c’est la bataille linguistique, c’est la bataille culturelle. Alors que l’espagnol a dominé le monde à un moment, l’anglais a pris le dessus notamment avec la naissance et l’émergence des états unis d’Amérique. Et le français qui était la principale langue savante des 17, 18e siècle, a périclité, et risquait de perdre sa position dans le monde.

Pour … maintenir le français comme langue de travail, langue officielle des anciennes possessions de la France, qu’il a été suggéré à certains chefs d’Etat… notamment Diori Hamani du Niger, Habib Bourguiba de Tunisie et le président Senghor de mettre en place une structure qui va rassembler au départ les principaux pays locuteurs du français. »