Niger : manque de solidarité ?
des personnes tirant sur une corde/ source pixabay.com

Niger : manque de solidarité ?

Jadis, la solidarité était le socle des sociétés traditionnelles africaines. Au Niger cette solidarité se manifestait à tous les niveaux de la société : au niveau de la famille, des amis, des voisins et de l’entourage. Hélas depuis peu, nous assistons à la dégradation de cette solidarité ancestrale.

Dans la société nigérienne, il existait une forte cohésion de la solidarité entre les individus. Une personne pouvait venir en aide à un inconnu. La bienveillance des uns envers les autres régnait dans la société. Quand un membre d’une communauté se trouvait face à des difficultés, c’est tous les membres qui se réunissaient pour lui venir en aide. Par exemple lors d’un deuil, cette solidarité devenait palpable par la présence de tous, certains apportant de la nourriture, d’autres de l’argent pour épauler la famille, manifestant ainsi leur soutien.

Cette solidarité tend à disparaitre de plus en plus de nos jours. Cette tendance à la disparition est due à plusieurs facteurs, notamment l’influence du facteur économique (en zone urbaine, la vie coûte plus chère). Aujourd’hui le manque de solidarité a tellement gangrené notre société que même la solidarité qui existait jadis entre frères et sœurs tend à disparaitre (des frères et sœurs se déchirent pour des biens matériels). Alou Ayé sociologue et communicateur s’exprime en ces termes au micro du Studio Kalangou : « le premier point est en vérité les difficultés d’ordre économique qui sont en train de faire en sorte que les premières valeurs fondamentales sur lesquelles l’individu repose ou nos sociétés reposent sont en train de disparaitre du fait tout simplement de cette difficulté que les uns et les autres ont à pouvoir joindre les deux bouts. Et bien lorsqu’on est dans une situation de difficulté, une situation de contrainte économique, il est difficile de penser à l’autre parce qu’ en ce moment-là le combat ou la philosophie c’est le chacun pour soi Dieu pour tous ». Selon ces propos, les contraintes économiques favorisent le recul de la solidarité. Malgré ces contraintes, notons que, cette solidarité existe toujours dans les zones rurales, comme il le souligne ici : « jusqu’à présent, si vous retournez au niveau du village, cette chaîne de solidarité existe toujours. Mais au niveau du monde urbain où la tendance (ou l’influence) occidentale est plus importante, et bien malheureusement nous constatons que c’est l’individualisme qui est en train de prendre le pas », ce sont dans les grandes villes que cette dernière est menacée. Menacée mais encore présente, la solidarité se manifeste encore lors des cérémonies comme un mariage ou un baptême, à travers l’appui qu’apportent les membres de la famille, les voisins et l’entourage. Certaines personnes arrivent sur place quelques jours avant la cérémonie pour participer aux préparatifs.

Le recul de la solidarité prend de l’ampleur parce que nous copions la civilisation occidentale, ajoute le sociologue : « le modernisme n’est rien d’autre, dans notre conception, que vouloir copier, faire comme l’occident. Or il y’a ce côté négatif qui est celui de la perte de nos valeurs fondamentales ou de nos valeurs premières. Et l’une des valeurs premières que nous sommes en train de perdre c’est évidemment la solidarité, nos sociétés africaines, traditionnelles se sont bâties sur le socle de la solidarité ».

Certes la solidarité a pris un coup au niveau des villes ces dernières années mais elle existe toujours.