48 heures après les affrontements entre forces de l’ordre et  scolaires à Niamey, la société civile monte au créneau.

48 heures après les affrontements entre forces de l’ordre et scolaires à Niamey, la société civile monte au créneau.

48 heures après la manifestation du lundi 10 avril organisée par l’Union des scolaires du Niger, les organisations professionnelles et de la société civile prennent la parole, les unes après les autres.

A l’occasion d’une conférence de presse, tenue mardi 11 en fin d’après-midi, le Comité Directeur de l’Union des Scolaires Nigériens (CD/USN) a demandé une enquête internationale sur ce qu’il appelle « le massacre de ses militants ».  Djibo Yayé le 2ème  Secrétaire General adjoint du CD/USN s’est exprimé au micro de Studio Kalangou :

« Ceux qui sont responsables de ces actes doivent rendre compte devant la justice. Peu importe leur rang dans ce pays. Nous avons les preuves matérielles, juridiques d’un camarade, mais nous avons constaté de nos yeux trois victimes que nous ne pouvons pas identifier. Nous avons des noms, mais Bagalé Mala, (Ndr : le jeune étudiant tué lors des manifestations) nous (en) sommes tous convaincus…… reçu un tir tendu de lacrymogène à la nuque. Nous demandons aux organisations internationales de venir faire…jaillir la vérité, parce qu’on ne peut pas demander à un assassin de se juger ».

Par ailleurs, l’Association des Jeunes Avocats du Niger demande l’ouverture d’une enquête judiciaire pour situer les responsabilités. Le président de l’Association des Jeunes Avocats, (AJAN), Maitre Boudal Effred Mouloul a confié à Studio Kalangou :

« L’AJAN va se battre pour que justice soit faite. Mais elle ne le fera pas seule, elle le fera avec l’aide de tous les acteurs. Et même du gouvernement qui ne doit pas avoir à se reprocher, il doit faire en sorte qu’il y ait justice. Vous savez au moment où nous sommes en train de parler, les étudiants ne peuvent pas se rendre à la police. Les parents ont peur, ils ne peuvent pas s’y rendre. Pour le moment même nous, nous pensons qu’ils ne sont pas détenus régulièrement. »

Le « Collectif des organisations de la société civile », de son côté, déplore les événements intervenus le 10 avril et exige « des autorités de la 7eme république (qu’elles) veillent à ce que ces libertés-là soient exercées dans la plus grande liberté. Nous avons également appelé la population de Niamey et des autres régions du Niger de sortir le mercredi 19 avril pour une marche qui va réclamer justice pour les victimes. »

Suite aux brutalités infligées à un journaliste de la télévision Canal3 par les FDS pendant qu’il exerçait son métier de journaliste, le « Réseau des radios et télévisions indépendantes du Niger » (RRTIN) proteste contre le comportement des forces de défense et de sécurité.

Le président du réseau et directeur général de la radio et télévision Dounia, Mamane Mamadou, a indiqué à Studio Kalangou : « un de nos agents a été agressé pendant qu’il exerce son métier. Nous avons déploré cette attitude et nous avons demandé aux forces de l’ordre et singulièrement aux autorités de prendre les dispositions pour protéger les journalistes parce que le journaliste lui aussi joue son rôle. Mais par ailleurs, nous avons aussi dit à nos journalistes de ne pas être arrogants et de ne pas agresser les forces de l’ordre. ….C’est pour cela que nous avons demandé aux deux côtés, tant aux forces de l’ordre d’assurer la sécurité des journalistes et leur permettre de filmer et aussi aux journalistes de respecter l’éthique et puis la déontologie dans le cadre de leur métier. »

La commission nationale des droits humains CNDH, s’est dit très préoccupée par les affrontements qui ont opposé les scolaires nigériens et les forces de l’ordre. Le 11 et 12 avril elle a dépêché une mission d’investigations, afin de constater sur le terrain « les violations des droits humains perpétrées » et faire des recommandations.

Pr Talibi Moussa rapporteur général de la CNDH, au micro de Studio Kalangou : « La CNDH condamne la violation des franchises universitaires, condamne le non-respect systématique des principes régissant le maintien de l’ordre. Demande au gouvernement la réouverture immédiate du campus en vue de créer les conditions pour un déroulement régulier et normal des activités académiques. Demande aux scolaires de reprendre les cours en vue de sauver l’année scolaire, demande l’ouverture d’une information judiciaire en vue de situer les responsabilités  et que chacun réponde de ses actes conformément à la loi, demande que le respect de l’ordre s’effectue avec professionnalisme et dans le strict respect des droits et de la dignité humaine. Quant aux étudiants  ils doivent concilier l’exercice du droit de manifestation sur la voie publique avec le respect des principes de l’état de droit en privilégiant le recours aux personnes et structures morales a même de les aider dans l’aboutissement de leurs légitimes revendications. »