Perception de la planification familiale au Niger de Goudel à Birni N’Gaouré
Sensibilisation sur les «pratiques familiales fondamentales» telles que l'allaitement, l'hygiène et l'espacement des naissances. / EU Civil Protection and Humanitarian Aid /©CE/ECHO/Jean De Lestrange / Source :flickr.com CC

Perception de la planification familiale au Niger de Goudel à Birni N’Gaouré

Le meilleur moyen d’espacer ou de limiter les naissances est l’utilisation des méthodes contraceptives dans un pays comme le Niger où le taux de fécondité est le plus élevé au monde avec 7,1 enfants par femme en moyenne selon les Nations Unies. Avec des variations de 5,3 enfants par femme à Niamey et 8,0 enfants par femme à Maradi. La planification familiale ou planning familial est un ensemble de moyens qui aident au contrôle des naissances, dans le but de permettre aux familles de choisir quand avoir un enfant.

À Birnin Gaouré, une stratégie de proximité pour toucher les femmes

Dans le département de Birni N’Gaouré, ce planning familial se rapproche des femmes, parce que des relais communautaires ont été formés et affectés auprès de la population. Ce qui facilite l’accès pour les femmes aux contraceptifs. Cette stratégie de proximité permet de mieux suivre les femmes. En effet, même si elles ratent des rendez-vous avec les médecins « nous avons des relais au niveau des villages, nous avons des DBC (distributeurs à base communautaire) et la femme n’est pas obligée de venir dans une formation sanitaire, dans son village, il y a quelqu’un qui peut lui remettre les contraceptifs. Mais le premier contact de la femme, il doit le faire au niveau d’une formation sanitaire » indique le communicateur du district sanitaire de Birni N’Gaouré, Adamou Djibo.

Ainsi, dans ce département, les femmes peuvent bien suivre leurs grossesses.

Afin de mieux lutter contre le fort taux de fécondité au Niger, le gouvernement a mis en place un plan national de repositionnement de la planification familiale. Ce dernier prévoit un rehaussement du taux de prévalence contraceptive moderne de 12,2% en 2012 à 50% en 2020. Ce qui, parallèlement, permettra aussi de réduire la mortalité maternelle et infantile.

Des difficultés qu’il faut remonter

Bien que bénéfique pour la santé de la femme et de l’enfant, la planification familiale est souvent sujette à beaucoup de réticence explique Adamou Djibo, communicateur du district sanitaire de Birni N’Gaouré.

Selon lui, il y a toujours des rumeurs qui empêchent l’acceptation de la planification familiale. Malgré tout, il faut mettre l’accent sur la prise en charge des enfants qui sont déjà venus au monde.

Il faut noter que la mise en œuvre du plan n’a pas permis d’atteindre l’objectif fixé qui selon les estimations de Trak 20 est de l’ordre de 21,8% en 2020.Cela est dû entre autres à une insuffisance de financement, à un manque de plan de communication de planification familiale…etc.

Ainsi, selon la direction de la planification familiale, l’élaboration du nouveau plan 2021-2025 doit être « une priorité au niveau de notre pays, car elle est une pratique à haut impact pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant ». Le nouveau plan doit prendre en compte les activités de communication, le genre et la sensibilisation des jeunes. Aussi, la population doit prendre en compte toutes les mesures pour venir à bout de l’objectif fixé, avoir autant de personnes possibles qui utilisent les contraceptifs pour le bien-être de leurs familles.

Les avis d’une maman qui pratique une méthode contraceptive

Rencontrée au centre de santé intégré de Goudel, Kadidja Ibrahim témoigne au micro du Studio Kalangou sur la prise des contraceptifs. Mariée depuis l’âge de 18 ans, Kadidja est à son quatrième accouchement, chacun espacé de (4) quatre ans. « Toutes mes grossesses sont espacées de 4 ans grâce à la contraception. Cela m’as permis de me reposer entre les naissances » explique Kadidja Ibrahim. Les contraceptifs permettent à la femme de mettre de l’écart entre les naissances et de bien se reposer avant de contracter une autre grossesse. Cependant, il existe différentes méthodes de contraception qui sont les pilules de contraception orale, les implants contraceptifs injectables, la stérilisation masculine ou féminine…etc.

Kadidja poursuit en disant, « aujourd’hui, je suis fière de cette utilisation des contraceptifs parce que mes enfants peuvent s’occuper les uns des autres. D’ailleurs mon mari m’a toujours encouragé, car c’est dans l’intérêt de notre couple ».

Cependant, si certains maris acceptent que leurs femmes utilisent les méthodes contraceptives, d’autres s’opposent à cette pratique de planification familiale. Pour eux, l’utilisation surtout des pilules peut rendre stérile la femme ou leur donner certaines maladies comme le cancer…etc.

Mme Alio Salamatou, une sage-femme du centre de santé intégré de Goudel explique au micro du Studio Kalangou, que tous les hommes n’ont pas la même compréhension, car dit-elle : « pour certains hommes, la planification familiale, c’est arrêter les naissances, c’est surtout ça le problème pour eux ». Donc il faut leurs expliquer que le but de la planification familiale, ce n’est pas d’arrêter les naissances, c’est de les espacer et quand ils viennent chez nous, ils comprennent très bien.

En effet, les grossesses multiples rapprochées ne sont pas sans conséquence sur la santé de la femme, mais aussi sur la vie des couples explique le directeur du centre de santé de Goudel, Docteur Seydou Abdoul Bak, médecin-chef.

Selon lui, « une femme qui accouche chaque année, économiquement ça veut dire que c’est une famille qui ne peut pas épargner » souligne le médecin chef. Sachant qu’à Niamey, les cérémonies des baptêmes demandent de nombreuses dépenses.

Aussi, sur le plan sanitaire, ça veut dire que l’état de santé de la femme devient de plus en plus précaire parce que quand, ce sont des accouchements rapprochés « à la longue, la femme peut développer une insuffisance cardiaque et aussi au niveau de l’utérus » indique le médecin. Il y’a aussi les risques de la fistule obstétricale, d’anémie, de carence…etc.

Cependant, les conséquences des grossesses rapprochées sont nombreuses et ne concernent pas que les femmes. Elles sont aussi dangereuses pour la santé des nouveau-nés qui peuvent encourir les risques de faible poids à la naissance, un retard de croissance et le plus dangereux est le risque de décès à la naissance chez le bébé.

Ainsi, les femmes les plus exposées au plus grand risque de mortalité sont celles qui accouchent prématurément ou après un âge avancé. C’est pourquoi, il est nécessaire dans les zones urbaines que ces pauvres femmes aient accès aux services de la planification familiale.

Cependant, outre les femmes mariées, on constate aussi la présence des filles célibataires dans les centres de planification familiale. Ces filles fréquentent ces centres pour avoir des conseils sur la santé de la reproduction selon la chargée de la sensibilisation, Mme Oumarou Mariama du centre de santé intégré de Goudel.

Ainsi, « arrivées chez nous, on leur explique. Toute femme qui vient va recevoir tous les conseils possibles avant de recevoir une prestation » souligne la chargée de la sensibilisation.

Parce que « il y’a des jeunes filles qui ne savent pas que la planification familiale peut empêcher une grossesse, mais, il y a aussi les maladies » explique-t-elle.

En effet, les sensibilisations s’avèrent nécessaires pour que la population accepte et comprenne que la planification familiale peut éviter les décès des bébés, peut éviter les grossesses précoces non désirées et trop rapprochées. La planification familiale peut aussi éviter les avortements que font les jeunes filles.

Ainsi, grâce à ces sensibilisations sur l’espacement de naissance, le nombre de fréquentation de femmes sur la prise des contraceptifs a légèrement progressé, passant de 630 fréquentations en 2019 à 751 en 2020. Des chiffres qui encouragent les responsables du centre de santé du village de Goudel.

Rabi Assoumane Hamani.