Niger / Ramadan : Hausse des prix des produits alimentaires
Marché wadata de Niamey / CC- Olivier Girard / Studio Kalangou

Niger / Ramadan : Hausse des prix des produits alimentaires

Au Niger, en ce mois de ramadan, beaucoup sont les commerçants qui se réjouissent de pouvoir faire de bons chiffres d’affaires. Ainsi, à la veille du ramadan débuté le 13 avril 2021, le Studio Kalangou a tendu son micro à certains détaillants et clients rencontrés sur les marchés de la capitale. Où les prix, surtout ceux des légumes connaissent déjà une augmentation, ce qui mécontente à la fois les vendeurs, et les acheteurs, qui se plaignent de cette hausse des prix.

En effet, le mois de ramadan est devenu une occasion pour les commerçants spéculateurs de rehausser les prix de certains produits alimentaires, du fait de la forte demande de ces produits. « Nous revendons des épices pour la limonade à base de citron, des tomates et autres épices pour la sauce. C’est surtout le citron qui coûte très cher. Auparavant ça se vendait à 25 000 F CFA, le sac de 100 kg , mais maintenant, il faut débourser 40 000F CFA pour avoir le sac du citron » explique un commerçant.

Une cliente constate « Ce sont des condiments que je suis venue chercher. Ils ont augmenté les prix, ils ont haussé les prix de tous les produits. Tout est cher, la tomate, l’oignon et autres ». Ce sont les prix des produits fortement demandés tels que les légumes (tomate fraiche, oignon…etc.) qui ont augmenté. Cette augmentation des prix laisse beaucoup de consommateurs démunis.

 « Le prix du kilo de la pomme de terre a augmenté depuis chez les zones de productions. Il y a quelques jours, des commerçants béninois étaient partis à Bonkoukou acheter la pomme de terre à 325 F CFA le kilogramme. Et en tant que grossistes, nous l’avons acheté au même prix. Nous le revendons à 450 / 350 F CFA. C’est le prix qui a augmenté » indique un autre revendeur. Parfois, la hausse des prix des produits provient de ceux qui produisent.

« C’est du soumbala que je suis venue acheter. Avant, si j’achetais pour 500 F CFA, on me donnait 20 morceaux à peu près. Mais aujourd’hui, c’est devenu très cher. Je n’ai pas l’habitude de l’acheter comme ça » indique une consommatrice. Beaucoup de revendeurs tirent profit des variations du marché. Chose que déplorent les consommateurs qui en sont victimes.

Le même constat dans la ville d’Agadez

Comme à Niamey, les commerçants de la ville d’Agadez ont eux aussi rehaussé les prix de certains produits de première nécessité. C’est le constat fait par le président de l’Association Régionale de Défense des Droits des Consommateurs d’Agadez, Mohamed Aboubacar au micro du Studio Kalangou.

 « Juste à la veille du mois de ramadan, quand vous faîtes un tour sur les marchés qui sont au niveau de la ville, vous allez constater un changement de prix. Cela a été remarqué par les consommateurs eux-mêmes… c’est en prélude au mois du ramadan qui s’annonce et voilà, nous sommes dans le mois de ramadan, ça se confirme » observe Mohamed Aboubacar, président de l’Association Régionale de Défense des Droits des Consommateurs d’Agadez. Au Niger, dans toutes les régions, c’est presque la même situation, dès que le ramadan s’approche, les prix des denrées alimentaires grimpent en passant parfois du simple au double ou même au triple.

Mohamed Aboubacar dénonce cette situation de rehaussement des prix en expliquant que les commerçants essayent d’avancer des arguments qui ne tiennent pas. Or, il faut qu’ils comprennent que ce n’est qu’une période limitée, ce n’est qu’un seul mois, dans l’année. Et en un seul mois, tu ne peux pas devenir riche comme ils le pensent. Et d’ajouter « On ne peut pas devenir riche en ayant pas pitié de ses concitoyens, de ces consommateurs qui font de vous ce que vous êtes ». Sur le plan religieux, l’Islam recommande à ses musulmans de faire du bien à leurs prochains, condamnant ainsi cette pratique d’augmentation des prix que font les commerçants nigériens à l’approche du ramadan. Parce que le mois de ramadan doit être un mois de bienfaisance.

Selon Mohamed Aboubacar, « les commerçants doivent agir de manière à ne pas tomber en faillite. Aussi d’une manière qui mette le consommateur à l’aise ». Autrement maintenir le prix juste pour que les plus démunis puissent faire leur jeûne décemment.

La Covid-19, une autre raison qui explique le rehaussement des prix à Dosso

Si à Niamey et à Agadez, les prix des produits alimentaires connaissent une augmentation à cause de ramadan, à Dosso, c’est la pandémie de la Covid-19 avec la fermeture des frontières qui vient encore compliquer la situation, selon Mahamadou Saley, président du Syndicat des commerçants de Dosso. Sur les marchés de cette région, les prix des produits de première nécessité connaissent une hausse non négligeable.

« Nous pouvons dire que la Covid-19 est l’une des conséquences de la hausse des prix des céréales parce que les frontières ont été fermées. Nos concitoyens qui partaient au Ghana, en Côte d’Ivoire, à Abuja pour importer les céréales, n’arrivent plus à rentrer dans ces pays » souligne Mahamadou Saley au micro du Studio Kalangou. La Covid-19 a été un frein pour beaucoup d’activités socio-économiques du pays.

 « Il va falloir aller soi-même sur le terrain, si tu achètes un produit à un prix modéré. Il va de soi que tu le revendes à un prix raisonnable. Certes, parmi les opérateurs, il y a ceux qui abusent. Dès que le ramadan s’annonce, ils achètent les produits, procèdent à leur stockage pour atteindre jusqu’à ce que les prix soient en hausse. Et cela est un fléau » déplore le président du Syndicat des commerçants de Dosso Mahamadou Saley. En effet, beaucoup de commerçants achètent des produits alimentaires pour conserver dans le but d’augmenter les prix pendant le mois de ramadan.

Rabi Assoumane Hamani