Région de Tillabéri : Au moins 58 morts dans une attaque à Banibongou
Les forces armées nigériennes mènent un mouvement de convoi, un engagement de leader clé et un exercice d'embuscade pendant Flintlock 18 au Niger, Afrique le 15 avril 2018. Photo de l'armée américaine par le sergent. Jeremiah Runser / source : flickr.com

Région de Tillabéri : Au moins 58 morts dans une attaque à Banibongou

Le lundi 15 mars, une attaque a ôté la vie à au moins 58 personnes dans la région de Tillabéri. Un bilan qui est passé à 64 morts selon Illiassou Soumana, maire de la commune de Banibongou.

Ces attaques ont été confirmées dans la soirée du 16 mars dans un communiqué officiel du gouvernement. Il en ressort que ces civils revenaient du marché hebdomadaire de Banibongou quand leurs véhicules ont été pris d’assaut sur deux axes distincts : l’axe Banibongou-Chinagoder et l’axe Banibongou-Dareydey. Les deux véhicules ont été brulés, les assaillants ont aussi brulé plusieurs greniers sur leur passage.

Suite à ces évènements, le gouvernement nigérien a décrété un deuil national de trois jours à compter, d’aujourd’hui mercredi 17 mars 2021.

Une crise sécuritaire grandissante

Il faut rappeler que la région de Tillabéry fait face, depuis plusieurs années, à une crise sécuritaire sans précédent dans l’histoire du Niger. Notamment dans la zone dite des « trois frontières », un bastion de groupes djihadistes, situé entre le Niger, le Burkina-Faso et le Mali.

En décembre 2019, 71 soldats de l’armée nigérienne avaient trouvé la mort dans l’attaque contre le camp militaire d’Inatès.

Quelques semaines plus tard, en janvier 2020, ce sont 89 soldats nigériens qui ont été tués à Chinégodar, dans la même zone. Des chiffres confirmés par Zakaria Abdourahame, le porte-parole du gouvernement dans un communiqué énonçant « 89 morts, côté amis et 77 morts côté ennemis ».

Le samedi 2 janvier 2021, l’attaque dans les villages de Tchomobongou et Zaroumdareye, situés dans la zone des « trois frontières » a occasionné la mort d’au moins 100 villageois.

Lors du second tour de l’élection présidentielle, le 21 février 2021, 7 agents de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) avaient été tués dans l’explosion de leur véhicule qui a sauté sur une mine. Un drame qui s’est produit à Waraou dans la commune rurale du Dargole, zone des « trois frontières » toujours.

La population civile prise en étau

Dans un article l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHRC) indiquait : « les régions de Tillabéri et de Tahoua au Niger, situées près de la région du Liptako-Gourma qui est à la frontière du Burkina Faso et du Mali, accueillent actuellement 60 000 réfugiés maliens et près de 4 000 personnes qui ont fui le Burkina Faso. Elles accueillent également 138 229 déplacés internes nigériens, un nombre qui a augmenté de 77 % en 2020 ».

Des chiffres annoncés au lendemain du meurtre de 100 villageois dans les villages de Tchomobongou et Zaroumdareye.

Renforcement des effectifs militaires dans la région de Tillabéri

Au lendemain de l’attaque du 2 janvier 2021, un conseil national de sécurité exceptionnel s’est tenu le 4 janvier afin de mettre en place une meilleure stratégie pour sécuriser la population locale.

Au sortir de ce conseil, le président de la République a ordonné un renforcement exceptionnel en soldats dans toute la zone « des trois frontières » mais également le déploiement des forces spéciales de l’opération Almahaou (déclenchée en novembre 2019), un corps d’au moins 2 500 hommes formés par des partenaires occidentaux.

Annoncés lors du 7e sommet du G5 Sahel, le 15 février 2021 à N’Djamena, 1 200 soldats tchadiens sont également en cours de déploiement dans la zone « des trois frontières » selon le Commandant de la Force conjointe, le Général Oumarou Namata.

Lors du sommet de Pau, un avant celui de N’Djamena un renforcement militaire dans cette même zone et l’envoi de 600 soldats français supplémentaires, avait été décidé par le gouvernement français.

Malgré le renforcement des effectifs militaires dans la zone, ces attaques compliquent de plus en plus l’assistance humanitaire sur place.