Santé mentale au Niger : malgré le nombre insuffisant de psychiatres, la prise en charge continue
Une patiente dormant sur le sol du dortoir des femmes d’un l'hôpital psychiatrique / TORSTEN BLACKWOOD / AFP

Santé mentale au Niger : malgré le nombre insuffisant de psychiatres, la prise en charge continue

Vêtus d’oripeaux ou tout simplement nus, quelques malades mentaux divaguent dans les rues des grandes villes du pays. Passant leur temps entre les carrefours de la circulation routière, aux pieds des édifices publics, à l’ombre des arbres, aux abords des marchés. Livrés aux intempéries climatiques, au chaud en période de chaleur, au froid en période hivernale. Ils fouillent et avalent tout ce qui leur tombe dans les mains. Cependant, notons que la psychiatrie ne concerne pas seulement les malades souffrant de psychoses criardes que l’on voit dans les rues. D’autres souffrent de troubles mentaux plus silencieuses comme la dépression et les troubles anxieux.

Ainsi à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale célébrée chaque 10 octobre, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), multiplie ses efforts de sensibilisation et de mobilisation aux problèmes de santé mentale dans le monde.

Au Niger, plusieurs personnalités se sont exprimées au micro du Studio Kalangou, dont le ministre de la santé publique, Dr Idi Mainassara qui soutient le fait que la santé mentale est une affaire de tous « on peut investir dans les infrastructures de soins de santé mentale, comme on peut investir dans la sensibilisation des personnes qui souffrent des problèmes mentaux. Chacun en ce qui le concerne, qu’on soit journaliste, qu’on soit simple citoyen, on peut faire un geste positif. Ce sont des gens qui ont besoin de notre soutien… on veut maintenant que la santé mentale soit une affaire de tout le monde » insiste-t-il.

Quant au psychiatre Abou Yahaya, coordinateur du programme national de la santé mentale, il définit la santé mentale dans le contexte nigérien « la santé mentale, c’est la spécialité qui prend en compte la prévention, les soins curatifs et le suivi des malades qui souffrent de troubles mentaux, qui souffrent de l’abus des substances psychoactives et de certaines maladies dont on partage la gestion avec une autre spécialité sœur : la neurologie».

Cependant, Abou Yahaya indique : « on est trois psychiatres au Niger, tous logés à Niamey dont deux universitaires et moi-même » pour plus de 20 millions d’habitants. Ce qui est loin des recommandations de l’OMS, soit un psychiatre pour 5 000 habitants peut-on lire dans cet article. Dans le même document, on apprend aussi que l’essentiel des pays africains comptent en moyenne un psychiatre pour 500 000 habitants.

Néanmoins, Abou Yahaya souligne les efforts que le gouvernent nigérien met en œuvre pour combler ce manque depuis 2005 : « pour pallier ce manque, le ministère de la santé a fait un gros effort, il a fait ouvrir la filière des spécialistes qui font la licence et le master au centre psychiatrique. C’est ça qui nous aide considérablement » dans les régions. En effet, ce sont les effectifs formés dans ce centre qui sont déployés au niveau des régions et des départements du pays.

Pour parler de chiffres, en moyenne par jour, 60 patients se font consulter à l’hôpital national de Niamey, au Pavillon ‘’E’’ communément appelé Kabano et techniquement dénommé Service de Psychiatrie clinique. Dans des conditions qui laissent parfois à désirer : allongés sur des lits raides, allant et venant dans la cour, d’autres assis sur le sol, parlant fort, comme pour se faire entendre d’interlocuteurs invisibles. Près d’eux, on trouve quelques rares accompagnateurs.

Cette année, les psychiatres se sont mobilisés pour soutenir les victimes des inondations à Niamey : « On est sur le terrain des sites des relogés pour leur apporter le soutien psycho-social nécessaire » aidés dans leur tâche par des organisations non gouvernementales (ONG) dont COOPI.