Niger : La stigmatisation autour des maladies sexuellement transmissibles
Une consultation médicale / Source: iwaria.com

Niger : La stigmatisation autour des maladies sexuellement transmissibles

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé : « on connaît plus d’une trentaine de bactéries, virus et parasites qui se transmettent par voie sexuelle ». Au Niger, les personnes souffrant de maladies sexuellement transmissibles subissent des stigmatisations. Ce qui crée des résistances au niveau de la population concernant les dépistages dans les hôpitaux. « Effectivement, il y’a des réticences que le patient affecté par ces maladies là éprouve à se faire traiter » indique le docteur Habou Abdoul-Rahamane qui est médecin chef du district sanitaire Niamey 3 au micro du Studio Kalangou. Hors une personne qui n’est pas allé se faire dépister ne peut en aucun cas être traité.

Quelles sont les causes de telles réticences ?

Pour le docteur Habou Abdoul-Rahamane la première raison est liée au fait que dans le contexte socio-culturel nigérien l’acte sexuel reste une question taboue. La personne a donc peur de dévoiler « une activité sexuelle plus ou moins non cadrée ». Ce qui peut constituer un préjudice à la personne concernée.

« La deuxième chose, c’est que la plupart du temps elles (ces maladies) affectent les parties génitales. Et qui dit parties génitales dit en fait pudeur » soutient le médecin. En effet, les mécanismes socio-culturels en œuvres dans nos populations ne favorisent pas l’expression de ces types d’informations. De ce fait, les personnes malades ont souvent « honte » à se présenter « devant un clinicien ou devant un professionnel de santé ». D’ailleurs, les personnes malades hésitent même à informer les membres de leurs familles, rappelle Habou Abdoul-Rahamane.

Tous ces phénomènes font en sorte que les maladies sexuellement transmissibles ne sont pas diagnostiquées rapidement et donc ne sont pas correctement traitées. La plupart du temps, la personne vient consulter alors que la maladie est déjà à un stade suffisamment avancée. Et en général, il est déjà trop tard.

Comment y faire face ?

Pour le docteur Habou il faut que l’on apprenne à se « départir de cette psychose, de toute honte pour aller se traiter ». Tant que cette forme de psychose va perdurer, ces maladies continueront leur expansion. Même s’il rappelle qu’il y a déjà beaucoup de structures au Niger qui tentent de sensibiliser un maximum de personnes : « il y’a beaucoup d’organismes…qui œuvrent dans la sensibilisation des jeunes ». Ces structures « créent des centres qui sont adaptés à les (les jeunes) accueillir et de parler avec eux de la question de la sexualité afin de leur éviter de tomber dans le piège des IST ».

Interview du docteur Habou Abdoul-Rahamane, médecin-chef du district sanitaire Niamey III