L’Elevage au Niger : Difficultés en période de soudure
Des vaches en pâturage ©EC/ECHO/Anouk Delafortrie / Source : flickr.com

L’Elevage au Niger : Difficultés en période de soudure

Au Niger le secteur de l’élevage représente 11 % du produit intérieur brut national (PIB) et 35 % du produit intérieur brut agricole. L’élevage pastoral constituant la principale activité économique et la source essentielle de revenus des populations nomades. Il est aussi un véritable vecteur de la croissance économique et du développement. C’est aussi un des maillons les plus importants de l’économie. L’élevage est pratiqué par près de 87 % de la population active, en activité principale ou secondaire. Après l’agriculture, il reste l’élément de base de l’économie nationale. De l’élevage sédentaire au pastoralisme transhumant, environ 75 % du bétail est élevé selon un mode nomade et transhumant, national ou transfrontalier. Dans la zone pastorale, les pâturages permanents occupent approximativement 60 millions d’hectares.

A la période de soudure (d’octobre-novembre à avril), beaucoup d’éleveurs nigériens enregistrent une grande perte en cheptel (notamment dans les régions de Maradi et Diffa) due au manque de pâturage, d’aliments bétail. C’est dans ce contexte que l’Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger fait appel à l’Etat Nigérien et à ses partenaires leur demandant d’agir rapidement afin d’atténuer cette crise récurrente.

L’élevage, atout majeur pour le pays contribue à la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Malgré les multiples potentialités dont dispose le pays, ce secteur rencontre d’énormes difficultés entravant son développement. Il y a la question de la santé animale, les manques d’eau, d’aires de pâturages, d’aliments bétail, les conflits entre éleveurs et agriculteurs et l’insécurité dans certaines zones rurales.

Selon, le Secrétaire Exécutif de l’Association pour la Redynamisation de l’Elevage (AREN) Boureima Dodo au micro de Studio Kalangou « Véritablement, ce début d’hivernage (de juin à septembre-octobre)est à la fois un point de satisfaction, mais aussi pour beaucoup d’éleveurs un point de lamentation, du fait qu’ils ont perdu une grande proportion de leur cheptel » indique-t-il. En plus du manque des ressources pastorales (pâturage, eau, aliment bétail…) dont souffre le cheptel nigérien s’ajoutent les menaces des eaux de la saison. Dans certaines circonstances, on peut dire que les eaux source d’espoir peuvent se muer en obstacles. Du fait que les premières pluies ont brisé l’espoir de beaucoup d’éleveurs parce qu’ils ont encore perdu un grand nombre de leur bétail. Pour cela des « dispositions doivent être prises à temps afin d’éviter les dégâts que peuvent causer les pluies » souligne Boureima Dodo.

Le SE de l’AREN explique qu’ « une fois que les animaux sont affaiblis, l’alerte est déjà dépassée, malheureusement rien n’a été fait et les animaux ont continué à maigrir ». Au Niger, les sècheresses chroniques entrainent un dessèchement des fourrages. Les aires de pâturage se dégradent de plus en plus. Et la poussée démographique fait que les agriculteurs occupent les espaces pastoraux à des fins agricoles. Ce qui peut conduire à des conflits éleveurs-agriculteurs.

« Au-delà du besoin en aliment bétail, vient le besoin humain de se nourrir parce que l’éleveur qui n’a plus de bétail à vendre pour acheter des céréales se trouve dans une vulnérabilité insupportable » constate Boureima Dodo. Il note qu’au tout début de la crise qu’ils ont alerté l’Etat d’où « une mission du Ministère de l’Elevage qui a sillonné les zones et constaté de visu les dégâts ». Pour mettre fin à cette situation, les «  dispositions reviennent à la politique de l’Etat. Mais nous, nous ne pouvons que faire attirer l’attention, interpeller l’Etat et les bailleurs » affirme le SE de l’AREN. « La crise peut être évitée en préservant les espaces du sud c’est-à-dire les enclaves pastorales,et en sécurisant les zones victimes d’insécurité. Tous ces effets ont créé une situation très difficile aux éleveurs, qui malheureusement n’ont pas eu le soutien nécessaire pour prévenir cette crise » déplore Boureima Dodo, SE de l’AREN.