Niger : comment réussir  l’éducation des enfants ?
Une cour familiale/ ANNE MIMAULT/ Studio Kalangou

Niger : comment réussir l’éducation des enfants ?

Parler de l’éducation d’un enfant dans une famille est un sujet vraiment délicat. Chacun y va de son point de vue. Au Niger, la réussite de l’éducation d’un enfant est une question d’honneur, qui dépend non seulement de l’appartenance ethnique, de la culture mais aussi des coutumes de chaque famille. Dans certaines cultures, l’éducation d’un enfant ne concerne que ses deux géniteurs, pour d’autres c’est uniquement la mère qui a cette responsabilité, c’est ainsi dans les sociétés matriarcales. Traditionnellement, chez les Haoussa du Niger, par exemple, la femme au foyer est en charge de l’éducation de l’enfant, du fait que le père est à la recherche de quoi les mettre à l’abri du besoin (nourriture, vêtements, l’éducation scolaire, et autres). En zone rurale par exemple, l’éducation des enfants incombe à toute la communauté.

Au sein de la famille, à quel moment commence l’éducation de l’enfant ?

Madame Fodi Halima, enseignante à la retraite et présidente de l’association nigérienne des éducateurs pour le développement (ANED), au cours d’un forum du Studio Kalangou du 25 juin 2020 : explique « l’éducation dans la famille c’est vraiment une œuvre de longue haleine, et qui commence normalement très tôt… depuis que l’enfant est dans le ventre de sa mère, avant même la naissance… par exemple on dit que si la femme enceinte dort beaucoup, et bien son enfant sera paresseux, donc vous voyez, il y’a déjà des idées de cette éducation là dès la grossesse » elle ajoute à cela que pour l’éducation d’un enfant tout ne se trouve pas dans les mots mais également dans les actes :  « il faut qu’il ait des objectifs, et qu’il faut travailler pour les atteindre… il y’a le comportement propre des parents, l’enfant regarde lui aussi et c’est déjà un apprentissage » dit-elle, Fodi Halima soutient aussi l’idée que toutes les valeurs considérées par la famille doivent être inculquées a l’enfant dès le plus jeune âge.

Sachant que chaque enfant a son comportement propre à lui, pour certains, trop de bousculade ne fait pas l’affaire. A cela madame Fodi Halima explique que : « … ces valeurs s’inculquent doucement, et chaque fois en canalisant, en orientant l’enfant, ne pas le laisser acquérir des comportements qui sont contraires à la déontologie, a la vie dans la société », elle précise aussi dans de ce forum d’échanges que ce n’est pas tout comportement venant de la société qui est forcément bon, de ce fait veiller à ce que l’enfant ne les incorpore pas, est de la responsabilité des parents.

Les influences néfastes de certains comportements dans l’éducation d’un enfant

L’enfant absorbe comme une éponge les comportements qui l’entourent, il assimile tout ce qui se passe autour de lui et les garde en mémoire, le bon comme le mauvais. Certains types de comportements tels que la mendicité ou le vol auxquels certains parents s’adonnent, soit par pauvreté ou par choix, entrainent forcement leur enfant à faire de même une fois adulte. Madame Fodi Halima, nous donne un petit aperçu sur ce phénomène : « vous voyez tous ces parents avec des petits enfants qu’on envoie quémander dans la rue, alors que cela est vraiment contraire à nos valeurs » elle ajoute encore que c’est aussi une éducation car « si tu ne sais que tendre la main, et bien tu vas grandir et chercher à tendre la main et parfois à prendre ce qu’on ne t’a pas donné ». Pour Halima Fodi, le fait de mettre les mains de l’enfant dans le pagne quand il est au dos, est déjà un apprentissage pour l’habituer à ne pas tendre la main.

Laisser les enfants faire ce qu’ils veuillent : amour ou démission ?

Pour notre invitée ce n’est pas une démission, c’est plutôt une affection exagérée des parents envers leurs enfants, « dans la cellule familiale ce qu’on a remarqué, je pense qu’ils aiment trop leurs enfants et ils n’arrivent pas vraiment à les remettre à leur place… quand l’enfant va à l’école, peut-être sous prétexte de lui donner le temps de travailler, on le laisse, il ne fait rien et il s’habitue à l’oisiveté, et quand il fait des choses pas bien, on dirait que les parents ont peur de lui dire non… et bien tout ça c’est un apprentissage »conclut l’ancienne enseignante au micro du Studio Kalangou.

Madame Fodi Halima, enseignante à la retraite et présidente de l’association nigérienne des éducateurs pour le développement (ANED)