Niger : L’économie nationale à l’épreuve de la  Covid-19
Un journaliste du Studio Kalangou lors d'un reportage sur la vente de bavette © Olivier Girard / Studio Kalangou

Niger : L’économie nationale à l’épreuve de la Covid-19

La pandémie de la Covid-19 touche aujourd’hui la planète entière. Tous les pays ont pris des mesures préventives en vue de protéger leurs populations. Cette crise n’est pas sans conséquence sur l’économie avec l’arrêt de la mobilité internationale, entre autres.

La propagation du nouveau coronavirus à engendrer un choc majeur dans l’économie mondiale, et le Niger n’est malheureusement pas épargné.

Les chiffres officiels du ministère des finances du Niger et de l’agence de l’UMOA

Le 31 mars 2020 déjà le ministre nigérien des finances, Mamadou Diop prévenait d’une baisse de 2,8 % de la croissance économique du pays initialement prévu à 6,9 % : « La situation actuelle va entraîner une baisse des recettes internes d’environ 89,2 milliards de FCFA, une détérioration du solde global de la balance des paiements de 72,9 milliards de FCFA par rapport aux prévisions initiales pour 2020 ».

La croissance du secteur primaire nigérien en 2020 est projetée à 6,6 % contre 5,1 % en 2019 et 5 % en 2018. Pour 2020, le secteur secondaire représenterait 16,6 % du PIB contre 16,7 % en 2019 et 15,8 % en 2018 selon l’Agence de l’UMOA-Titres. En plus de la performance des industries extractives, les activités de fabrication et de construction jouent un rôle prépondérant dans cette dynamique, pourrait-on lire sur le site de l’Agence de l’UMOA-Titres. Rappelons que la croissance économique du Niger dépend largement du secteur primaire.

Le gouvernement nigérien vient en aide à la population et aux entreprises fragilisées par la pandémie

Le gouvernement nigérien prévoit des mesures de soutien à la population et à l’économie avec 597 milliards de F CFA soit près de 7,4 % du PIB.

D’abord, pour atténuer l’impact lié à la Covid-19, le gouvernement nigérien décide d’accompagner les entreprises touchées par la crise grâce à une ligne de crédits bancaires de 150 milliards de F CFA. Cet accord de financement est conclu entre l’Etat du Niger, les banques et établissement financiers de la place.

L’isolement de la ville de Niamey a fait un trou dans les recettes des maraichers d’Agadez

Les différentes mesures préventives prises dans le cadre de la lutte contre le coronavirus dont l’isolement de la ville de Niamey ont mis à l’épreuve les maraichers de la région d’Agadez, selon le Président de la Chambre d’agriculture de la région d’Agadez, Ahmed Ouha : « On ne peut pas écouler les produits vers Niamey comme d’habitude. Avant, il y avait des commerçants qui venaient acheter des produits au niveau d’Agadez mais puisqu’ils sont isolés, il n’y avait plus personne… ».

En effet, les produits issus des oasis du grand désert nigérien sont majoritairement écoulés dans la capitale, Niamey.

Les activités qui ont vu leurs chiffres d’affaires en hausse malgré la pandémie

D’autre part les mesures préventives ont favorisé une hausse des prix des matériaux entrant dans la fabrication des dispositifs de lavage des mains (récipients et robinets) augmentant du coup les chiffres d’affaires de certains commerçants et fabricants : « Nous vendions ces dispositifs à 7 500 voire 8 000 F CFA et maintenant c’est à 10 000 F CFA. Même le robinet qui était à 1 200 F CFA et aujourd’hui à 2 000 F CFA » nous dit un commerçant de la place.

Les soudeurs quant à eux ont reçu plus de commandes liées aux dispositifs de lavage des mains. Ce qui compense, un peu, les pertes sur les autres activités du secteur.  

Aussi, le port obligatoire du masque, à but préventif, confectionné sur place, a généré des emplois pour le secteur de la couture à Niamey. En effet, le centre de formation professionnel en stylisme et modélisme de Niamey (CFSM) est retenu pour la confection des bavettes. Ce centre a traité une commande de l’Etat s’élevant déjà à 2,5 millions de bavettes, explique le fondateur, Ousmane Sambo Hamidou « Là actuellement je travaille avec 400 tailleurs… On les payes 100 F CFA par bavette. Si tu arrives à faire 200 bavettes, tu gagnes tes 20 000 F CFA. Là on est en train d’arriver à 5 millions de franc CFA par jour pour les tailleurs… ».

 

Les prévisions de la banque mondiale

Selon la banque mondiale, les marchés émergents et les pays en développement dépendants des produits de base, seront les plus exposés aux répercussions économiques de la pandémie. En plus du coût sanitaire et humain qu’ils devront supporter, et des conséquences du ralentissement économique mondial ; la baisse de l’exportation et la désorganisation des chaînes d’approvisionnement vont peser lourd sur l’économie de ces pays.