Niger : Est-on prêt à lire en langue nationale ?
Présentation des ouvrages édités par la maison d'édition GASHINGO par le Directeur Générale / CC Faride Boureima / Studio Kalangou

Niger : Est-on prêt à lire en langue nationale ?

Vaste de 1 267 000 km2, avec une culture ethnolinguistique remarquable, le Niger comptait, jusqu’à fin 2019, 10 langues nationales (inventoriées et actées par l’Acte n°23 de la Conférence nationale d’octobre 1991). Depuis le 6 décembre 2019, le Tagdal, constitue la 11e langue nationale. Bien que riche de ses 11 langues nationales, c’est le français, la langue administrative d’avant l’indépendance, qui reste la langue officielle de l’Etat.

C’est en 1998 que le Niger s’est doté d’une loi (Gouvernement du Niger, loi n° 98-12 portant orientation du système éducatif nigérien ou LOSEN) dont l’objectif principal était de « garantir à tous les jeunes l’accès équitable à l’éducation et éradiquer l’analphabétisme ».

La matérialisation de cette loi et l’alphabétisation large, ont amené des auteurs nigériens à éditer des ouvrages en langues nationales. A noté que bien avant cette loi, des politiques ont été mises en place pour l’expérimentation des langues locales. Ces expériences se faisaient dans des écoles dites expérimentales.

« L’Etat a encouragé beaucoup d’auteurs à écrire en langues nationales, parce que l’Etat pensait justement généraliser l’enseignement bilingue » explique Malam Abdou Bako, directeur général de la maison d’éditions GASHINGO. Grâce à cela, dans les années 2000 – 2004, on dénombre plus de 80 à 90 titres d’albums pour enfants et plus de 100 romans, contes, devinettes écrits, poursuit, Malam Abdou Bako.

« Quand l’Etat, avec l’appui du ministère, avait cessé cet encouragement, les auteurs se sont faits un peu rare » a-t-il ajouté. Malgré cette baisse d’engouement, on constate que le Niger fait partie des pays de la sous-région qui compte un bon nombre de titres en langues nationales.

Cependant l’absence de diffusion et le manque de volonté de lire en langues nationales constituent quelque part un frein, déplore, le Directeur Général des éditions GASHINGO « on a des livres, ce qui manque c’est la diffusion, c’est de les déposer dans les librairies. Et quand on dépose dans les librairies il faut qu’il y ait des lecteurs ».

En somme, malgré ces contraintes, le Niger continue son évolution dans un environnement favorable pour le développement des langues nationales. Une prise de conscience globale s’amorce pour une meilleure valorisation des langues nationales du pays.