Région de Diffa / Vers la fin du pastoralisme ?
Des vaches entrain de brouter/ Pixabay

Région de Diffa / Vers la fin du pastoralisme ?

Le Niger, pourrait être surnommé, en Afrique de l’Ouest, le roi du bétail. Il s’est fait un nom dans le domaine. Le pastoralisme pèse très lourd dans son économie. Les chiffres du code rural ne démentent pas cette affirmation : le pastoralisme représente 11 % du PIB national et 35% du PIB agricole.

Pourtant, depuis, l’insurrection de Boko Haram en 2015, la région de Diffa est touchée par l’insécurité. Les pasteurs et leurs troupeaux, en particulier, ne peuvent plus circuler librement et n’ont plus accès à certains parcours, explique Abdourahmani Mahamadou, doctorant sur les questions du pastoralisme en lien avec l’insécurité dans le bassin du lac Tchad « L’Etat du Borno au Nigéria pour les éleveurs du Niger oriental constitue une zone de repli, une zone où beaucoup d’éleveurs transhumants… partent passer toute la saison sèche, alors qu’ils remontent au Niger, dans la région de Diffa, pendant la saison pluvieuse ».

L’insécurité liée à la présence du groupe Boko Haram, dans la zone, contraint ces éleveurs à remonter au Niger plus tôt que prévu, bien que la région de Diffa soit déficitaire en fourrage, ajoute le doctorant.

Le doctorant insiste sur l’impact de cette situation : « Il faut dire que ces éleveurs sont fortement impactés, à la fois, sur leur système de production, car ils ne peuvent plus bouger, ça c’est 1 ; sur leur économie, parce que les éleveurs sont mobiles, ils n’ont pas de champs. Ils tirent l’essentiel de leurs revenus à partir de cet élevage. Alors cet élevage-là maintenant n’est plus fonctionnel, les animaux sont fortement amaigris, affaiblis et ensuite le prix du bétail a chuté. ».

Nonobstant ces difficultés, plusieurs démarches peuvent être entreprises pour sécuriser les éleveurs selon Abdourahmani Mahamadou : « créer des corridors de sécurité pour permettre à ces éleveurs d’accéder à ces zones de pâturage, c’est de faire en sorte que les éleveurs soient aussi écoutés comme les autres populations et soient aussi assistés parce que l’assistance humanitaire privilégie beaucoup plus les réfugiés qui sont stables… et surtout faire en sorte que la mobilité se maintienne quelle que soit le contexte », il lance ainsi le souhait de pouvoir garder cette pratique ancestrale qui est le pastoralisme.