À l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue mardi 12 août 2025, l’Ordre des avocats du Niger a annoncé une grève symbolique le jeudi 14 et vendredi 15 août 2025, pour dénoncer la dissolution, jugée illégale, de plusieurs syndicats du secteur judiciaire. Dans sa déclaration, le barreau dit constater « un recul d’une gravité sans précédent » et alerte sur des pratiques « qui fragilisent notre système judiciaire et sapent le fondement même de l’État de droit » a indiqué le bâtonnier, Me Oumarou Sanda Kadri.
Ce que dit l’Ordre des avocats
Réunis le 12 août, les avocats affirment réagir à une série d’« arrêtés illégaux » pris début août et à un point de presse ministériel du 8 août présenté comme tentant de les justifier. Ils condamnent des « interpellations illégales », des « détentions extrajudiciaires », ainsi que « toute forme d’ingérence politique » dans l’administration de la justice, en particulier des mutations perçues comme sanctions à l’encontre de magistrats pour leurs décisions. L’Ordre réclame le rétablissement immédiat des syndicats dissous « dans l’intégralité de leurs droits » et appelle au dialogue social comme « seule voie » pour résoudre les difficultés du secteur. La profession se dit « solidaire » des personnes concernées et réaffirme son engagement en faveur d’une justice indépendante et de la protection des droits fondamentaux.
La décision d’observer deux jours de grève symbolique les 14 et 15 août vise, selon l’Ordre, à manifester son mécontentement face à la situation créée par ces dissolutions.
Le contexte : des dissolutions actées le 7 août
Des arrêtés datés du 7 août 2025 ont prononcé la dissolution de syndicats de la justice. Il s’agit notamment du Syndicat autonome des magistrats du Niger (SAMAN), le Syndicat national des agents de la justice (SNAJ) et le Syndicat des cadres et agents du ministère de la Justice (SYNCAT).
Une décision expliquée par le ministre de la Justice, Alio Daouda lors d’un point de presse, estimant que les syndicats concernés se seraient éloignés de leur rôle et auraient adopté des pratiques jugées contraires à l’intérêt général, citant notamment une « lenteur excessive » dans le traitement des dossiers, des « réclamations irréalistes » et un non-respect de l’autorité hiérarchique.
Le ministre a détaillé ses griefs et listé plusieurs structures du secteur comme n’œuvrant plus, selon le gouvernement, au bon fonctionnement du service public de la justice.
De leur côté, les avocats affirment que la dissolution des syndicats de la justice porte atteinte à la liberté syndicale et à l’indépendance de la justice, et invoquent les engagements internationaux du Niger (conventions de l’OIT, Charte africaine des droits de l’homme) pour demander un retour au cadre légal. Ils dénoncent également des interpellations et détentions qu’ils qualifient d’extrajudiciaires, y compris dans les locaux de la DGDSE, et appellent les autorités à y mettre fin.
Et maintenant ?
Sauf revirement, l’Ordre des avocats prévoit d’interrompre symboliquement ses activités les jeudi 14 et vendredi 15 août. L’institution dit rester ouverte au dialogue avec les autorités et les acteurs de la chaîne judiciaire, tout en maintenant sa demande de réintégration des syndicats dissous et de respect des garanties d’un État de droit.