CENI nouvelle formule : Les réactions

CENI nouvelle formule : Les réactions

Le Niger a un nouveau code électoral ; le projet de loi a été voté le mercredi 14 Juin par  les 135 députés présents dans l’hémicycle. L’opposition n’a pas pris part au vote. L’article 12 de ce code électoral prévoit l’institution d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) permanente de 13 membres, régit par les points suivants :

–  Les membres de la CENI ont un mandat de 6 ans renouvelables une fois.

–  La CENI est désormais un organe permanent, indépendant de tout pouvoir, autorité ou organisation. Elle jouit de l’autonomie de gestion, d’organisation et de fonctionnement.

Pour rappel, toutes les parties prenantes aux élections générales de 2016, à savoir : les partis politiques, la CENI, la société civile, les partenaires techniques et financiers ont constaté des insuffisances et  lacunes dans le processus électoral passé.

Cette nouvelle version de la CENI proposée par le conseil national de dialogue politique-CNDP, ne fait pas l’unanimité chez les politiques nigériens.

Au sein même de la mouvance présidentielle, les avis sont partagés ; le député Koroné Massani du parti Kinshin Kassa dit son opposition à la réduction du nombre de partis politiques représentés à la CENI :

« La CENI était l’organe de tous les partis politiques ; aujourd’hui, les partis politiques n’ont que 6 représentants. (Or), les élections sont faites pour les partis politiques. Les premiers acteurs des élections, (ce sont)  les partis politiques. Et au temps de l’élection, on ne peut pas parler de majorité ou de l’opposition. (…) On peut avoir plusieurs candidats aux mêmes élections, par conséquent les partis politiques doivent être largement présents. Si on ne peut pas faire en sorte que tous les partis politiques soient représentés, au moins qu’on permette aux partis politiques, qui sont à l’Assemblée nationale et ceux qui vont présenter une candidature, d’être représentés. »

Pour Iro Sani, vice-président de l’Assemblée nationale, membre du parti du président de la République, le PNDS Taraya, la réforme est bonne et souligne deux nouveautés du dispositif : « La Ceni sera désormais permanente, ces membres ont un mandat de 6 ans »

Pour Tahirou Guimba, président du Model Ma’aikata, un parti politique membre du groupe des non affiliés : « Une CENI permanente sera encore budgétivore. Quand on sait que les finances publiques sont dans leur plus mauvais état dans l’histoire du pays, une CENI permanente ça change quoi ? Rien du tout. Je crois que ça n’a aucun sens ».

Du côté de l’opposition, Alhassane Intinikar porte-parole du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la république (FRDDR) explique : « le problème, c’est la composition. Le problème de la composition cela veut dire aujourd’hui qu’on exclut les non affiliés et ….7 ou 10 des membres seront désignés par le pouvoir. Quand je dis « le pouvoir », c’est le ministre de l’intérieur, c’est le président de la République. Ce sont eux qui vont désigner leurs gens. D’où une autre crainte. C’est lui-même Issoufou (ndr le président de la République) qui va désigner celui qui sera président de la CENI. Est-ce que Issoufou va désigner la bonne personne ? Est-ce que Issoufou est de bonne foi ? Est-ce que la personne qui sera désignée par Issoufou sera indépendante. »

Enfin, la société civile s’est aussi exprimé sur cette question ; le président de « la voix des sans voix » une structure de la société civile nigérienne, Nassirou Seydou :

« D’abord, il faut saluer le fait qu’elle soit permanente, c’est-à-dire qu’elle aura (le temps suffisant)  pour accomplir sa mission comme il se doit. Qu’un pays dispose d’une CENI de 13 membres, plutôt qu’une CENI de 120 membres : du point de vue financier, c’est vraiment une avancée significative. ……. Mais ce qui est important maintenant, c’est de regarder parmi les 13 membres si toutes les couches sociales professionnelles sont représentées. Parce que l’affaire des élections, ce n’est pas une affaire de partis politiques seulement, il y a la société civile, il y a beaucoup d’autres groupes sociaux qui font en sorte que les choses se passent bien. »