<strong>Planifier la réponse humanitaire 2023 au Niger</strong>
Distribution de vivres à Bosso à Diffa, le 9 décembre 2014 par le PAM /Copyright: EC/ECHO/Anouk Delafortrie

Planifier la réponse humanitaire 2023 au Niger

La planification de la réponse humanitaire 2023 était au cœur d’une rencontre entre le gouvernement nigérien et la communauté humanitaire.

Deux jours durant (25 au 26 octobre 2022), les autorités et les humanitaires ont échangé sur cette réponse.

Cet atelier avait pour objectif non seulement de développer une compréhension mutuelle de la situation humanitaire mais aussi de parvenir à un consensus sur les besoins humanitaires prioritaires sans omettre les chiffres de planification et les projections pour l’année 2023.

Selon le communiqué de presse publié le 31 octobre, cet atelier était l’occasion pour permettre aux parties de mieux répondre aux besoins des populations vulnérables au cours de l’année 2023.

Le communiqué souligne que le pays fait face depuis plus d’une décennie à « une urgence humanitaire complexe causée par divers chocs d’ordre sécuritaire, climatique et de santé publique qui érodent chaque jour un peu plus la situation humanitaire des populations ». À cela, s’ajoute la pauvreté endémique qui aggrave la situation des ménages en situation de précarité précise ledit communiqué de presse.

Selon la Coordonnatrice humanitaire au Niger, Louise Aubin, « les défis humanitaires auxquels le Niger doit répondre restent nombreux et complexes. » Et ce, bien que le Niger « continue de connaître une situation alimentaire et nutritionnelle difficile qui mérite une attention soutenue de la part des acteurs ».

Notons que le Niger est l’un des pays sahéliens qui subit  actuellement le plus les effets du changement climatique, tels que les sécheresses et les inondations. À la date du 23 octobre, le bilan des inondations cette année fait état de plus de 320 000 personnes sinistrées. C’est la conséquence de fortes précipitations enregistrées depuis début du mois de juillet 2022.

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Chaque année, le Niger perd près de 100 000 hectares de terres arables en raison de l’érosion hydrique. Ce qui entraine « la perte de cultures et de moyens de subsistance pour des milliers d’agriculteurs », a déclaré Louise Aubin, Coordonnatrice humanitaire au Niger. Une situation qui impacte fortement les populations ainsi que leurs moyens de subsistance.

Toujours selon le communiqué, « la détérioration de la sécurité alimentaire est à la base, entre autres, des impacts négatifs sur l’état nutritionnel des enfants des moins de 5 ans, les femmes enceintes et allaitantes ». À cela s’ajoute, le déplacement continu des populations du nord nigérian et celles de la zone des trois frontières. Une situation qui s’explique par les conflits qui persistent dans ces zones. Sans oublier la perte des moyens de subsistance et l’accroissement des besoins humanitaires.

D’après Youssouf Barkai, du Dispositif National de Prevention et de Gestion des Crises Alimentaires, ce sont « environ 4,4 millions de personnes étaient en insécurité alimentaire sévère pour lesquelles des mesures conséquentes ont été prises dans un contexte général de hausse des prix des céréales et d’inflation importante ». Aussi dit-il,  « pour faire face à cette situation, un plan d’urgence suivi d’un plan de soutien sont mis en œuvre pour prévenir et répondre aux besoins urgents des populations ».

Quant au ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, Laouan Magagi, les autorités s’emploieront à créer de « meilleures conditions pour un retour volontaire et sécurisé des populations déplacées dans leurs localités d’origine ». Et cela, « en s’ouvrant à toute autre forme de solutions durables convenues d’un commun accord avec les populations déplacées ». Laouan Magagi précise que « des actions tendant à renforcer la gouvernance des risques de catastrophes en vue de développer ces solutions durables seront menées ».

À la date du 30 septembre 2022, plus de 700 000 personnes ont été contraintes de quitter leur terroir. Parmi ce nombre, on comptait environ 376 809 personnes déplacées internes, plus de 290 000 réfugiés et quelques 35 491 personnes retournées. Au cours de ces trois dernières années, dans la zone des trois frontières partagée (Burkina Faso, le Mali et le Niger), ainsi que dans la Bassin du Lac Tchad, le nombre de déplacés internes a doublé. Et ce, en raison des attaques des groupes armés non étatiques.

Faride Boureima.