Retour sur les traces de la Société des huileries du Niger
Entrée principale de la Société des huileries du Niger, Matameye, le 21 mars 2022 / Assoumane Aboubacar / Studio Kalangou

Retour sur les traces de la Société des huileries du Niger

C’est une ère à l’image des temps passés qui s’impose dans le présent ; nous renvoie le site de la Société des huileries du Niger, SHN.

À l’entrée de l’usine, il n’y a rien ! Seul ! Débout ! Accroché à un pilier ; le portail jaune rouillé ; tient face au vent. Ici, la clôture a laissé place à des herbes, le prosopis comme ultime rempart. Sur la porte, est encore visible en grand caractère le sigle, SHN.

Dans l’enceinte, une dizaine de bâtiments autrefois entrepôts, salles des machines, tous en état de dégradation avancée.

C’est ici que nous avons rencontré, Elhaj Boukari Nakandé, ancien chef de personnel et comptable de la SHN. Actuellement, il est le responsable dudit site.

Société des huileries du Niger 

En 1952, à Matamèye venait de voir jour la société des huileries du Niger, SHN. C’est la première usine privée du genre au pays.

Vue de l’emplacement de l’ancien silo d’approvisionnement en huile, le 21 mars 2022 / Assoumane Aboubacar

En pleine période coloniale, à l’aube des indépendances en Afrique francophone ; on y produisait de l’huile d’arachide et ses dérivées.

La SHN avait une production journalière de 100 tonnes d’huile d’arachide et d’une capacité de 50 000 tonnes par an. Elle employait plus de 130 personnes dont 72 permanents jusqu’en 1983.

Mais, 39 ans plus tard, il ne reste que les vestiges d’un passé glorieux du patrimoine industriel du Niger.

Nostalgique, Elhadj Boukari Nakandé, se souvient encore de ces glorieuses années. La présence de l’usine à Matamèye « était une preuve vivante de la richesse du pays. La main d’œuvre occasionnelle employée par la SHN est estimée à plus de 100 personnesElle attirait beaucoup de personnes ».

La société des huileries du Niger, produisait de l’huile et des tourteaux d’arachide. Selon Elhadj Boukari, « Les productions sont expédiées vers la France et l’Angleterre via les ports nigérians de Lagos et Port Harcourt ».

Entre 1971 et 1972 explique Elhadj Boukari, près de 200 000 tonnes ont été exportées par la Société nigérienne de la commercialisation de l’arachide (SONARA).

Finalement, les effets du changement climatique ont entrainé la baisse de la production de l’arachide à Matamèye ; entrainant par ricochet la fermeture de la SHN.

Fermeture de l’usine

C’est en 1983 que la société des huileries du Niger a définitivement fermé ses portes.

La forte croissance de la production d’arachide qu’a connue le Niger dans les années 1970 a conduit à l’installation d’une nouvelle société intervenant dans le même secteur. Il s’agit d’une société publique d’Etat. C’est la SICONIGER (Société Industrielle de Commercialisation des Oléagineux) installée à Maradi.

Entre 1978-1979, la société des huileries du Niger battait ses derniers instants de vie. « Nous avons scindé le personnel en deux partie. Un premier est placé en congé technique tandis que la seconde partie constitue des permanents ». Les autorités nigériennes de l’époque ont voulu sauver cette entreprise privée souligne l’ancien chef de personnel et comptable de la SHN. « J’ai eu l’avis favorable des autorités pour faire tout ce qui est en mon pouvoir pour relancer la société ».

Vue de la salle des machines de la société des huileries du Niger / le 21 mars 2022 / Assoumane Aboubacar

Mais, « la rareté des pluies a entrainé une baisse de production de la matière première », ce qui a eu raison de cette entreprise. Les intrants venus du Sénégal sur lesquels comptait la SHN sont attaqués par des pucerons. « Jusqu’en 1983 ; il n’y avait plus d’espoir ! On a calculé et mis chacun des employés dans ses droits. » C’était la fin de la Société des huileries du Niger, première entreprise privé industrielle du pays.

La SHN avait deux actionnaires majoritaires dont des libanais (51% des parts) et Bernard Rouette (49%). A la fermeture, ce dernier a bénéficié des infrastructures pendant que les libanais, eux sont partis à Lagos avec les machines dans une de leurs usines.

Aujourd’hui, le site appartient à un Nigérian, en l’occurrence, Abdoul Samad Issaka Rabiou, un riche homme d’affaires. 

Faride BOUREIMA.