Nouveau Sommet Afrique France : Emmanuel Macron sans ses pairs
Logo du nouveau sommet Afrique-France tenu le 08 Octobre 2021

Nouveau Sommet Afrique France : Emmanuel Macron sans ses pairs

Une vingtaine de journalistes africains ont rencontré les organisateurs du nouveau sommet Afrique France, Mardi 5 octobre 2021, dans le très chic premier arrondissement de Paris. Il s’agit des pays suivants : Algérie, Afrique du Sud, Angola, Bénin, Cameroun, Djibouti, Éthiopie, Ghana, Kenya, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Tchad, Tunisie…

Mme Anne-Claire Legendre, la porte-parole du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et M. Benoit Verdeaux, le secrétaire général du sommet, font partie des intervenants.

Le processus de construction ainsi que la direction souhaitée par la France du Nouveau Sommet Afrique France sont les points passés en revue.

Le point de départ du Nouveau Sommet Afrique France

L’ambassadeur de France au Niger, M. Alexandre Garcia l’a précisé dans une interview accordée au Studio Kalangou, le 30 septembre 2021 lors d’un déjeuner pré-sommet à Niamey « C’est une idée du président de la République Française, qui au cours du discours à Ouagadougou, en 2017 avait lancé déjà les bases de la refondation des relations entre la France et l’Afrique » (le discours ici  ).

Pour la porte-parole, du ministère des affaires étrangères, Mme Anne-Claire Legendre, ce nouveau sommet « est une continuité » de ce discours du président français dans la capitale burkinabè il y a 4 ans. Ce discours de Ouagadougou est, à la fois, le point de départ et « une belle introduction » au nouveau sommet, ajoute M. Benoit Verdeaux.

Comment s’est construit ce nouveau sommet ? Et quel est son objectif ?

Des dialogues menés et organisés dans 12 pays d’Afrique (Afrique du Sud, Angola, Burkina Faso, Cameroun, république démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Tchad, Tunisie) par l’historien camerounais Achille Mbembe et son comité, des rencontres avec les diasporas en France (environ 800 personnes rencontrées, nous a indiqué un haut fonctionnaire de l’État français), ont été les maillons qui ont permis d’élaborer ce nouveau sommet, auquel ont assisté plus de 3 000 participants dont le tiers est africain, c’est dire l’importance de l’Afrique dans cet évènement.

En somme ce nouveau format, sans chefs d’État, a bouleversé les habitudes, tout en ambitionnant d’insuffler une nouvelle dynamique à la relation entre l’Afrique et la France, notamment en donnant davantage la parole à la jeunesse du continent africain. Non sans soulever quelques questionnements. Notamment certains observateurs ont critiqué la présence du seul président français, et se sont dits pourquoi ne pas avoir laissé la jeunesse africaine, diasporique et française entre elle ?

La participation du Niger au sommet

Les sommets franco-africains existent depuis 1973, et c’est le premier président de la République du Niger, Diori Hamani, qui en fut l’initiateur auprès de son homologue français Georges Pompidou, nous apprend RFI (Radio France Internationale).

Qu’aurait pensé Diori Hamani de ce nouveau format, avec Emmanuel Macron sans ses pairs ?

Pour l’édition 2021 du sommet Afrique France, le Niger a été représenté par une vingtaine de participants, parmi eux, des jeunes entrepreneurs, des étudiants, des enseignants-chercheurs, des acteurs de la société civile et des acteurs culturels. Les principaux thèmes du sommet ont tourné autour de l’entreprenariat, l’enseignement, la recherche, l’engagement citoyen, la démocratie, la culture et le sport.

Dans ces domaines, le Niger veut progresser. Et si c’est via le partenariat avec la France que cette progression se fera, les participants nigériens au sommet disent « oui » à la France. Pour l’enseignement, le Niger a un grand défi à relever dans l’utilisation des Tics (technologies de l’information et de la communication) dans l’éducation, la formation. Côté culture, c’est le retour des biens culturels répertoriés dans les collections françaises qui a monopolisé les discussions à Montpellier, le nombre de ces objets est déjà connu, il y en a plus 1600 pour le Niger. Pour la suite de la procédure, la balle reste dans le camp du Niger : aux autorités nigériennes de formuler une demande auprès des autorités françaises.

L’intérêt accru pour le retour de ce patrimoine n’éclipse en rien le cinéma, un domaine qui possède de véritables ambassadeurs, avec des productions d’envergure internationale. L’une des participantes nigériennes a soulevé la question des biens culturels immatériels, comme des images archives par exemple ; qui jusqu’à présent, ne sont ni gratuites ni en accès libre.

Quant à l’entreprenariat, le secteur privé nigérien évolue dans un écosystème très difficile, avec des manques importants, c’est le cas des ressources humaines non adaptées au marché du travail. Il y a aussi la difficulté d’obtenir des prêts financiers encourageants.

Sur le plan environnemental, le Niger porte dans sa bande sahélienne la thématique brûlante et riche d’opportunités de la grande muraille verte.

A la plénière du 8 octobre 2021

L’après-midi du sommet de Montpellier, une des villes les plus étudiantes du sud de la France, a été consacré à la plénière avec le président Français Emmanuel Macron.

A cette occasion, le monde entier a vu des intellectuels africains et français issus des diasporas, s’exprimer et interpeller le président français sur des points sensibles comme l’identité culturelle des français de différentes origines, la politique étrangère française, la présence militaire en Afrique et l’autonomie financière de l’Afrique via la création de la nouvelle monnaie africaine. Autour du président, des participants choisis, ont posé des questions longuement mûries par le rapport d’Achille Mbembe, l’historien camerounais mandaté par le président français pour rédiger un document sur l’état de la relation entre le continent africain et la France.  

Certaines de ces questions sont restées entières, d’autres ont eu des réponses immédiates.

Emmanuel Macron sur l’estrade a répondu « oui » à la suggestion de créer des assises de la Diaspora. « Oui » à la nomination d’ambassadeurs français issus de la Diaspora. « Oui » pour changer le nom de l’AFD (Agence Française de Développement), pour parler d’investissement et non plus d’aide. « Oui » à une maison des mondes africains et des diasporas en France.

Au final, pourquoi la jeunesse africaine ?

A l’issue du sommet, la jeunesse africaine peut se demander « pourquoi la France a déployé un tel arsenal pour me séduire ? » La réponse est peut-être dans les propos du professeur Diagne, membre du comité réuni autour d’Achille Mbembe : Cette refondation de la relation « se fera entre le continent africain, qui est un continent aujourd’hui qui pèse, et qui va peser de plus en plus, dans les affaires du monde ; ce qui explique d’ailleurs l’attirance que ce continent exerce sur beaucoup de partenaires » et le continent européen. Le professeur de philosophie ajoute « … le continent africain, est un continent remplit de promesses, et ces promesses sont portées par les jeunes. Il faut qu’ils le sachent, et que les jeunes sachent la responsabilité qui leur incombe, qui est la leur, de construire ce continent avec des partenariats, qui seront des partenariats diversifiés. Il leur appartient de mettre fin à ce tête-à-tête obsessionnel avec l’ancienne puissance coloniale ». Diversifier donc, tout en consolidant les partenariats historiques.

Talatah Abdou Bahar.