Boko Haram : Après la reddition, la réinsertion

Boko Haram : Après la reddition, la réinsertion

Une trentaine de combattants de Boko Haram de la région de Diffa dépose les armes pour ensuite se rendre aux autorités nigériennes, a annoncé ce mercredi 28 décembre, Mohammed Bazoum, le ministre nigérien de l’Intérieur.

Studio Kalangou a interrogé le Colonel Mahamadou Abou Tarka, Haut-commissaire à la restauration de la paix. Extraits

 » Le ministre de l’intérieur a pris l’initiative aujourd’hui de lancer un appel aux Boko Haram pour qu’ils arrêtent ce que j’appellerais leur bêtises et qu’ils se rendent. Et ils seront traités humainement. C’est d’ailleurs ce qu’on fait au Niger, on traite humainement les prisonniers, y compris ceux de Boko Haram.

Vous pensez que son appel sera entendu ?

Son appel a déjà été entendu, parce que vous avez déjà près de 30 personnes qui se sont rendues. Et nous avons des messages, nous avons des signaux, tous le temps nous recevons des sms, des coups de téléphone, il y a 200 personnes qui sont ici entrain de divaguer et qui ne savent plus où aller. Et, vous savez qu’à l’intérieur de boko haram, il y a une fracture……….

Alors nous on leur offre une alternative, on dit arrêtez vos « conneries » ;  revenez. Peut-être que vous serez enfermés pour les plus sérieux, en tout cas rééduqués certainement. Mais en tout cas, c’est une ouverture que le gouvernement donne pour résorber toute cette masse de jeunes gens…Pour certains ils sont partis à l’aventure, pour d’autres ils sont partis à la recherche du gain, mais très peu sont partis pour des raisons idéologiques. Les pauvres gars que nous arrêtons par exemple dans la région de Bosso, ou un peu plus au nord du lac, ils ne sont même pas musulmans, ils ne savent même pas ce que c’est que l’Islam. Donc si vous voulez, il y a plusieurs approches. Nous avons toujours dit que l’approche militaire seule ne suffit pas à gagner une guerre comme ça.

Est-ce que la haute autorité a un rôle à jouer ?

La Haute autorité joue son rôle, avec l’ensemble du gouvernement.  Nous avions d’abord commencé les consultations avec la population. Vous vous souvenez à partir du mois de juillet, nous avons fait un forum ici où nous avions posé la question aux représentants des populations.

A l’époque, les gens étaient beaucoup plus réticents. Mais l’important c’était d’avoir amené l’idée, d’avoir ouvert le débat. Aujourd’hui que les situations sont favorables, nous avons demandé au ministre de l’intérieur de lancer officiellement un appel.

Et de ce fait, il sera plus entendu évidement. Le Président de la République est d’accord avec toute cette démarche, et nous (lui) rendons compte régulièrement  de l’évolution du sentiment des populations. Avant, on ne pouvait  pas demander aux gens d’accueillir Boko Haram, aujourd’hui, les choses sont en train de changer, (même si) bien sûr il y a des réticences.

Evidemment, il n’est pas question de prendre Boko Haram et de les jeter dans les villages, il faut les traiter, il faut les rééduquer. Il faut les réinsérer, il y a des gens qui ont des problèmes psychologiques parmi eux. Mais ce sont des choses que les autres pays ont fait. Les autres pays ont (mis en place) des processus d’intégration, de réintégration, de rééducation. Les autres pays l’ont fait, pourquoi pas nous? «