Education : inclusion des élèves sourds et muets dans les établissements scolaires ordinaires nigériens
Un élève écrit sur son cahier / Copyright : UE / ECHO / Anouk Delafortrie / Source: flickr.com / CC BY-NC-ND 2.0

Education : inclusion des élèves sourds et muets dans les établissements scolaires ordinaires nigériens

Tous les enfants doivent jouir du même droit fondamental qu’est le droit à l’éducation. Quelques soient les handicaps dont présentent un enfant, il doit suivre le processus scolaire comme tout autre enfant normal. Au Niger, l’inclusion de ces enfants présentant des handicaps dans les établissements scolaires pose problème selon Saibou Aoudi, directeur de l’école Hassane Bana Ba, un centre pédagogique crée en 1980 par l’association des sourds du Niger et de ses partenaires. Un établissement spécialisé pour les élèves sourds et muets.

Au nombre de 37, les élèves de cet établissement sont repartis de la 6ème à la 4ème. Mais pour pouvoir continuer leur parcours scolaire, ceux qui passent en 3ème sont contraints de le faire dans un autre établissement et avec d’autres élèves non sourds explique le directeur de l’école au micro du Studio Kalangou.

« Avant 2007-2008, le plus grand niveau d’un élève sourd c’est la classe de CM2. A partir de CM2, c’est l’association qui va s’occuper d’eux, comme vous constatez dans les hôpitaux, dans les services publics, ils sont devenus des agents de salubrité » indique le directeur de l’école Saibou Aoudi.

Au Niger, beaucoup d’enfants en situation de handicap sont confrontés à d’énormes difficultés. Parce qu’une fois à l’école, surtout « au collège, c’est l’inclusion et les difficultés liées à la communication », parce que la majeure partie des enfants ne maitrisent pas la langue des signes. « Et les enfants sourds doivent apprendre avec les enfants non sourds » explique le directeur de l’école Hassane Bana Ba. Cependant, l’enfant se trouve dans un nouvel environnement, un milieu dont il ne connait pas auparavant, donc beaucoup de changements vont intervenir dans ses attitudes. En plus de cela, il faut ajouter les difficultés que peuvent rencontrer certains enseignants des écoles ordinaires parce qu’ils ne sont pas eux aussi tous initiés en langue des signes. Il y a aussi la discrimination entre les enfants.

La langue des signes est considérée comme la première langue des personnes sourdes et celles-ci utilisent ce langage de signes pour mieux intégrer la société. Autrement dit, ces langues de signes les aide à mieux développer leur communication et créent aussi des liens sociaux entre eux.

Le directeur de l’école Hassane Bana Ba explique que, si le professeur vient, il oralise, il est sourd, mais ils ne sont pas inclus. Ou bien quand le professeur vient, il signe seulement, il ne parle pas. Donc, les enfants qui entendent ce sont eux qui seront en situation d’handicap.

Alors que l’inclusion signifie une éducation de qualité pour tous les élèves « donc l’enseignant qui est dans une classe spécialisée pour sourds doit être un enseignant qui oralise et en même temps qui signe. Là, on peut dire que son éducation est inclusive » souligne le directeur de l’école de sourds. En effet l’inclusion améliore l’éducation pour tous les élèves, quels que soient leur handicap, leurs difficultés linguistiques…etc. C’est un enseignement qui permet aux élèves de devenir indépendants, de développer leurs compétences sociales. L’éducation inclusive permet aux élèves ordinaires et aux élèves handicapés de travailler dans de très bonnes conditions, avoir un bon climat collectif de travail afin de mieux améliorer leurs performances.

Rendre accessibles les écoles aux enfants en situation de handicap

Selon Omar Siddo, directeur de la fédération nigérienne des personnes handicapées du Niger s’exprimant au micro du Studio Kalangou, depuis quelques années, les autorités nigériennes en charge de l’éducation travaillent pour rendre accessibles les écoles aux enfants en situation de handicap. « Et généralement pour les citoyens lamda, quand on parle d’accessibilité, on parle seulement de question de rampes. Mais, il faut imaginer par exemple le chemin que l’enfant emprunte de son domicile vers l’école, la cour de l’école, les toilettes aussi et maintenant les rampes d’accès pour accéder aux classes, les portes des classes, le niveau des tableaux…etc » indique Omar Siddo. En effet, pour avoir accès aux écoles, les enfants handicapés rencontrent plusieurs obstacles, notamment l’éloignement des écoles de leurs domiciles et les infrastructures scolaires qui ne sont pas suffisamment appropriées.

Dans le monde, en dehors des 264 millions d’enfants et adolescents qui ne vont pas à l’école, plus de 32 millions d’enfants handicapés dans les pays à revenu faible et moyen ne sont pas scolarisés indique l’ONG Handicap International. Et tout ceci par manque des ressources et de stratégies sur les politiques de l’éducation.

« Il y a des écoles qui ont des rampes d’accès, il y a aussi des écoles qui commencent à fournir l’accessibilité » explique le directeur de la fédération nationale des personnes handicapées du Niger Omar Siddo. Les rampes d’accès pour les handicapés sont des passages permettant aux personnes en fauteuil roulant de bien franchir des escaliers ou des trottoirs plus facilement. Ces rampes d’accès sont très nécessaires, parce que ça permet à ces élèves handicapés d’accéder à tous les endroits de l’école sans aucune difficulté.

« Mais, elles sont très minimes au niveau national, ce qui n’est pas admissible vis-à-vis de l’engagement que le Niger a pris en ratifiant la convention relative aux droits des personnes handicapées » ajoute-t-il. En effet, les droits spécifiques des personnes handicapées sont prévus par l’article 26 de la constitution du Niger. Ainsi, « l’Etat doit veiller à l’égalité des chances des personnes handicapées en vue de leur promotion et/ou de leur réinsertion sociale ». Autrement, toutes les personnes handicapées ont droit à la pleine et égale jouissance de tous les droits et toutes les libertés fondamentales de l’homme.

Et selon l’un des droits de la Convention internationale des droits de l’enfant (article 23), tous les enfants en situation de handicap ont le droit d’avoir accès à une éducation qui prenne en compte leurs limites physiques, mentales ou sensorielles.

Rabi Assoumane Hamani.