Les organisations de la société civile, une dynamique citoyenne
Palais du 29 juillet, il s'y est tenu la conférence nationale souveraine de 1990/CC- Faride Boureima/Studio Kalangou

Les organisations de la société civile, une dynamique citoyenne

Société civile, cette notion historique de la philosophie politique occidentale, connaît une immense popularité auprès du public. Ce n’est que dans les années 1990 que ce courant fait son apparition au Niger ainsi que dans la plupart des pays subsahariens.

Les organisations de la société civile (OSC), se définissent comme étant « l’ensemble des associations autour desquelles, la société s’organise volontairement et qui représentent un large éventail d’intérêts et de liens, de l’origine ethnique et religieuse, à la protection de l’environnement ou des droits de l’homme, en passant par des intérêts communs sur le plan de la profession, du développement et des loisirs. ».

Au Niger, c’est la loi No 84 – 06, modifiée par la loi no 91-006 qui régit le secteur des OSCs. Il faut savoir que le secteur des organisations de la société civile est composé des associations et des organisations non-gouvernementales (ONGs).

Le 29 juillet 2021 marque le trentième anniversaire de la conférence nationale souveraine au Niger. Une rencontre qui a permis de jeter les bases de la démocratisation au Niger. Parmi les acteurs de ce grand évènement, la société civile naissante a contribué et a favorisé ce processus démocratique.

Selon Dr Badié Hima, acteur de la société civile nigérienne, « la société civile est vraiment l’ensemble de ces formes d’organisations qui se situent entre la famille et l’Etat. De plus en plus les partis politiques de l’opposition compte-tenue de la grande sensibilité, on pense qu’il ne faut pas faire l’amalgame, il faut les laisser dans leur champ traditionnel. »

Dr Badié Hima, explique que « la société civile n’est pas contre le pouvoir, mais un contre-pouvoir ; ce n’est pas la même chose, ce n’est pas la même idée, ce n’est pas la même démarche ».

Partant de son expérience, Dr Badié Hima observe un dissentiment dans « la perception de la société civile au Niger ». Un malentendu, qui pour l’acteur de la société civile se situe au niveau de l’Etat et des pouvoirs publics.

Premièrement dit-il, c’est une perception négative : « Tant que des acteurs et des organisations font la critique et jouent leur rôle de contrôle citoyen ; ils sont taxés d’être à la solde des partis politiques de l’opposition ».

Néanmoins, « les pouvoirs publics et les pouvoirs étatiques doivent comprendre que la société civile a son rôle et a sa place dans cette approche critique, dans cette approche de contrôle citoyen, dans cette approche de surveillance des politiques publiques ; elle a son rôle dans l’Etat de droit et pour le renforcement de la démocratie. » Dr Badié Hima estime que les pouvoirs publics doivent revoir leur perception sur la société civile.

Les luttes sociales

Sur le terrain des luttes sociales, la société civile s’est véritablement illustrée à travers la défense des libertés fondamentales (droits de l’homme, des libertés d’expression et d’association…). Si les structures de jeunesse ainsi que des syndicats ont conduit à la conférence nationale souveraine en 1990 au Niger, il aura fallu attendre le « Tazartché » ou le troisième mandat de Mamadou Tandja en 2009 pour que la société civile marque de son empreinte les luttes politiques au Niger. Néanmoins, c’est en 2005 que l’expression de société civile nigérienne prend tout son sens avec la « Coalition contre la vie chère ». Cette année-là, plus d’une trentaine d’associations se sont réunies dans cette coalition pour s’opposer à la proposition de loi du gouvernement sur l’augmentation de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les produits de première nécessité à 19 %.

Ce qui traduit son implication dans les enjeux politiques, ainsi du rôle décisif qu’elle a joué dans les dernières crises qu’a connues le Niger.

Faride Boureima.