Niger : l’état d’urgence dans les communes de Balleyara et de Kollo et cri du cœur des populations
Crédit : Rarelibra sur Wikipédia anglais

Niger : l’état d’urgence dans les communes de Balleyara et de Kollo et cri du cœur des populations

Malgré les efforts déployés par l’Etat nigérien pour assurer la sécurité de la population, les attaques et enlèvements des personnes continuent. Ainsi pour prévenir ces attaques récurrentes des groupes armés, un état d’urgence a été instauré depuis 2017 dans plusieurs départements des régions de Tillabéry et de Tahoua qui sont frontaliers avec le Mali.

Cependant cet état d’urgence est reconduit de manière régulière et systématique dans toutes les régions concernées. Et dans les localités de Balleyara et de Kollo, région de Tillabéry, il a été prolongé ce 29 Avril 2021 par le conseil des ministres pour une période de trois (3) mois.

En effet, un état d’urgence est une mesure prise par un gouvernement en cas de péril imminent dans un pays. Certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes comme la liberté de la circulation ou la liberté de la presse. Ainsi, à Balleyara et Kollo, plusieurs activités sont suspendues, certains mouvements sont restreints ou carrément interdits comme la circulation des motos afin de préserver la sécurité des personnes et des biens publics.

Il faut rappeler que, la région de Tillabéry située dans la zone dite des trois (3) frontières est menacée depuis plusieurs années par les attaques meurtrières des groupes armés non Etatiques situés entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Et en dépit de la forte présence des forces militaires, la situation se dégrade de plus en plus dans cette zone.

C’est pourquoi, les populations de Kollo et celles de Balleyara apprécient cette mesure, « l’état d’urgence n’est pas un problème, toute action qui peut préserver notre vie, nous sommes pour » explique un habitant de Balleyara. En effet, Tillabéry est devenue la deuxième région sous état d’urgence après Diffa.

Par ailleurs, ces populations demandent à l’Etat nigérien de bien appuyer les forces de l’ordre « il faut bien doter les militaires avec des matériels adéquats, procéder à des nouveaux recrutements pour renforcer l’effectif, pour que ces militaires puissent pourchasser et mettre hors d’état de nuire les bandits sans état d’âme qui terrorisent les populations ».

Si certains apprécient l’état d’urgence, d’autres déplorent cette loi. Car cela n’a pas empêché aux groupes armés de venir s’attaquer aux pauvres populations civiles « malgré la loi sur l’interdiction de la circulation des motos, c’est sur ça qu’ils viennent perpétrer leurs crimes. Rien à changer. La situation a juste empiré ».

Le cri du cœur des populations

Avec l’état d’urgence dans la région de Tillabéry, certaines personnes se plaignent des effets négatifs sur leurs activités économiques. C’est pourquoi elles, lancent un appel à l’endroit de l’Etat « l’appel qu’on lance à l’Etat, c’est d’alléger les choses parce que le travail qu’on peut faire avec une moto, si on doit prendre une voiture pour ça, le prix ne sera pas le même ».

Nous à Balleyara, si les motos ne circulent pas, c’est un grand recul pour la commune, c’est vrai, c’est pour la paix, avec cette mesure la situation devrait s’améliorer explique un habitant de Balleyara.

Selon lui, même avec l’état d’urgence, « l’on constate pendant que les motos sont interdites de ce côté, de l’autre côté les motos circulent ». Ce qu’ils ne comprennent pas.

Des habitants de Banibangou installés à Balleyara fuyant l’insécurité

Si, à Balleyara, certains habitants se plaignent de l’impact sur leurs activités économiques dû à l’état d’urgence, ceux de banibangou eux abandonnent leurs maisons, fuient leurs villages pour venir s’installer dans cette commune pour cause de l’insécurité.

 « C’est à cause de l’insécurité qu’on est venu ici, on est venu pour avoir un peu de tranquillité. On veut que les enfants soient scolarisés et qu’on nous assiste nous aussi » souligne une femme déplacée de Banibangou. En effet au Niger, depuis quelques temps, ce sont les populations civiles qui sont devenues les cibles des bandits armés, leur obligeant à fuir leurs villages.

Un autre poursuit « je vous jure que l’insécurité est de plus en plus grandissante, tu ne peux ni dormir, ni manger, c’est ce qui m’a fait déplacé. Les gens ont fui soit seuls ou en groupes » déclare un autre déplacé. Les attaques des groupes armés à tout moment, menacent la stabilité dans la région de Tillabéry.

« C’est un problème qui inquiète les gens, plus de dix (10) villages ont quitté pour venir se joindre à nous. Chaque jour, ils ne font que venir, c’est la cause de notre déplacement » explique une autre femme fuyant le village de Banibangou.

L’insécurité qui sévit dans certaines parties du Niger sème la panique un peu partout dans les régions. Elle a causé le déplacement de plusieurs ménages.

Rabi Assoumane Hamani.