Internet restreint au Niger : quel impact sur la société ?
Capture d'écran du navigateur Firefox n'ayant pas accès à Internet

Internet restreint au Niger : quel impact sur la société ?

Depuis les violentes manifestations du 24 février 2021 dans la capitale nigérienne, la population n’a plus accès à internet. Près de 72h après son interruption, internet n’est toujours pas là.

Au Niger, la dernière restriction d’accès à internet est intervenue au lendemain des manifestations de protestation des caricatures de Charlie Hebdo le 17 janvier 2015. Selon le ministre de l’intérieur de l’époque, Hassoumi Massaoudou, cette mesure a pour but d’ « encadrer la journée de prière vendredi ». Des appels à la haine anti-chrétienne et des appels à manifestation sont relayés par les moyens de communication accessibles, par sms et réseaux sociaux.

C’est la première fois qu’une mesure extrême est prise par les autorités franchissant la traditionnelle restriction d’accès aux réseaux sociaux.

« Les coupures d’Internet ont de vastes conséquences techniques, économiques et en termes de droits de l’homme » peut-on lire sur ‘‘Internet Society’’. Cette situation, discrédite la sureté d’internet, ce qui a une répercussion sur l’économie « la fiabilité de services gouvernementaux critiques sur Internet », et même la crédibilité du pays dans sa généralité selon ‘‘Internet Society’’.

Impact sur la vie socio et économique

Selon l’Autorité de régulation des télécommunications et de la poste (ARTP), le taux de pénétration de l’internet mobile au Niger est passé en 2012 de 1,42 % à 23,22 % en2017. Soit un accroissement de 21,80 % en 5 ans.

La coupure d’Internet affecte l’économie de nombreuses façons par exemple « nous les commerçants réglons nos affaires avec plusieurs partenaires sur WhatsApp et avec cette rupture, tu n’as aucune information » a confié au Studio Kalangou un revendeur. Pour ce dernier « si tu as des fruits et légumes frais, tu n’es pas en contact avec les détaillants et les producteurs, c’est très difficile ».

Aussi, cette coupure n’est pas sans conséquence sur le plan professionnel avec la pandémie du covid-19. Selon un citoyen rencontré par le Studio Kalangou « ça fait deux jours que nous nous sommes coupés du monde puisque nous avons des partenaires qui nous accompagnent. Avec l’histoire du Covid tout le monde reste à la maison pour travailler et l’outil idéal c’est l’internet. Voyez aujourd’hui l’internet n’est plus, ça veut dire qu’il n’y a plus de travail pendant deux jours ».

Pour un autre citoyen, « Les messages WhatsApp, les publications Facebook » peuvent être des vecteurs de « propagande ou même de création d’attroupement » avec les informations qui y sont véhiculées. Cette situation a « un impact positif quand on regarde d’un point de vue maitrise de la situation des perturbations » a-t-il ajouté.

Au Niger, la pénétration d’internet a permis aux différentes agences de transfert d’argent de couvrir une grande partie du territoire national. Avec l’absence d’internet, il est difficile voire impossible aux nigériens de faire des transactions financières par le biais de ses agences. A Niamey, en dehors des directions générales, les agences de quartiers sont fermées.

« Ça fait deux jours qu’on a envoyé de l’argent à ma mère, on arrive pas à récupérer l’argent » a confié au Studio Kalangou, un citoyen rencontré à la devanture d’une agence de transfert d’argent dans la capitale. Il affirme que « c’est due à la coupure de connexion… aux différentes manifestations ». Il ajoute « actuellement, moi, j’ai sillonné à peu près une dizaine d’agences, elles sont fermées ».

Impact sur l’information

L’absence d’internet entrave fortement le travail des journalistes nigériens. Depuis mardi, le Studio Kalangou n’est pas en mesure de joindre la trentaine de ses correspondants sur l’ensemble de territoire nigérien. Impossible pour ce média de la Fondation Hirondelle, travaillant au Niger de recevoir des éléments de l’intérieur du pays d’en faire parvenir à toutes ses radio partenaires.

Selon, le rédacteur en chef adjoint du Studio Kalangou « ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont privées d’informations ». L’ambition de Studio Kalangou, c’est de contribuer aux efforts de développement du Niger au cœur des crises sahéliennes.