Un document circulant ce 2 octobre 2025 sur WhatsApp et les réseaux sociaux au Niger et dans d’autres pays de la sous-région affirme que les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) auraient décidé, de manière « souveraine et irréversible », de se retirer sans délai du franc CFA. Présenté comme un communiqué officiel, le texte se veut signé à Bamako par le président de la Transition du Mali, qui est aussi Président de la Confédération des États du Sahel, Assimi Goïta.

Cette fausse information survient au lendemain d’une visite du Président de la République du Niger, au Mali et au Burkina.
Après vérification, ce communiqué est faux. Plusieurs incohérences de forme et de fond, ainsi qu’un démenti officiel de la présidence du Burkina Faso, permettent d’affirmer qu’il s’agit d’une intox.
1- Démenti officiel
La présidence du Burkina Faso, pays membre de la Confédération des États du Sahel, a rapidement démenti cette information dans un communiqué diffusé le 2 octobre 2025. Elle précise qu’aucune décision de retrait immédiat du franc CFA n’a été prise par les États membres de l’AES.
Habituellement, les pays de l’AES communiquent de manière coordonnée et simultanée, or cette publication isolée ne correspond pas à ce protocole officiel.

2- Un communiqué fabriqué numériquement
D’après l’analyse effectuée avec l’outil Forensic d’InVID-WeVerify, plusieurs filtres (Double Quantization, DCT/BLOCK et ELA) révèlent des incohérences de compression dans le communiqué circulant au nom de la Confédération des États du Sahel (AES). Le texte comme les logos apparaissent surlignés en vert ou en rouge selon les filtres, ce qui traduit des niveaux de compression différents du reste du document. Ces résultats indiquent que l’image n’est pas un simple scan d’un communiqué papier, mais bien une composition numérique où le texte et les éléments graphiques ont été insérés séparément avant export en JPEG.


Le fait que le texte plus les logos ressortent différemment du reste suggère que ce communiqué n’est pas une photo scanner d’un document papier, mais plutôt un document composé numériquement (texte tapé, logos ajoutés, puis exporté en JPEG). Beaucoup de communiqués officiels modernes sont produits ainsi (Word/Publisher avec logos + texte, puis export PDF ou JPEG).
Mais le fait qu’il circule seulement sur WhatsApp et les réseaux sociaux sans source primaire (gouvenementale) ajoute une suspicion élevée.
Ces indices techniques ne constituent pas une preuve formelle de falsification, mais ils montrent que le document a été fabriqué numériquement. D’autres filtres comme ELA soutiennent cette hypothèse : le document n’est pas un scan unique, puisque les signatures numériques ne sont pas homogènes.
3- Contexte : AES et débats monétaires
L’Alliance des États du Sahel (AES), créée en 2023 par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, discute de projets d’intégration économique et sécuritaire renforcés. L’idée d’une monnaie propre à l’AES a été évoquée, mais aucune procédure formelle de retrait du franc CFA n’a été entamée.
Dans une interview accordé a Jeune Afrique, en août 2025, le Gouverneur de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou a indiqué « Nous n’avons reçu aucune demande officielle de sortie » du Franc CFA.
En résumé, cette information est fausse : d’une part en raison du démenti officiel de la présidence du Burkina Faso, d’autre part au vu des nombreux indices laissant apparaître une manipulation, ainsi que du non-respect du protocole habituel de communication de l’AES.
Outils utilisé :
- InVid WeVerify
- Recherche Google