Le 7 novembre 2020, l’équipe Jeunes du Studio Kalangou a croisé le marcheur de la paix, Hamani Issaka, à côté de Birni N’konni. Avec son drapeau du Niger, sa casquette et son sac à dos. Il parcourait le pays à pied.

Le 10 décembre 2020, l’équipe du Studio Kalangou a été en contact téléphonique avec Hamani Issaka. Il était à Maïné Soroa. A 1073 kms de Niamey.

Jusqu’à là sa marche se passait bien nous a-t-il indiqué. Il nous a parlé du caractère vraiment désertique de la zone et du vent qui le fatiguait. Concernant les élections, il constate : « Ici, il n y a aucune ambiance de campagne électorale. Tout le monde vaque à ses occupations ».

Quant à sa sécurité, Issa Hamani était conscient du danger, il s’est confié là-dessus « La zone la plus dangereuse c’est à partir de Maïné Soroa – Chétimari. Et même là-bas, c’est la nuit que c’est dangereux ».

C’est alors avec émotion que la population nigérienne a appris sa mort survenue à Chétimari le 11 décembre 2020 au petit matin. Lors d’une attaque menée par des hommes armés non identifiés. Deux autres personnes sont également blessées lors de l’assaut. La vie de l’une d’elles est toujours en danger.

Le marcheur de la paix était-il ciblé ?

Une source locale est catégorique « Non, le marcheur de la paix n’était pas ciblé. Personne ne savait qu’il était là. ». Arrivé discrètement l’après-midi, il s’est installé chez le chef de canton. Ils étaient quatre dans la chambre.

Une dizaine d’hommes armés non identifiés sont arrivés vers 2h30 du matin. Ils ont encerclé la résidence du chef de canton, quatre d’entre eux ont pénétré à l’intérieur. Au premier barrage, les hommes armés ont tiré mais l’un des gardes est arrivé à refermer la porte à temps sans être touché. Les hommes pensant avoir tué le chef, ont tenté de s’enfuir. Mais, ils ont remarqué une pièce de la résidence où la lumière était allumée. Ils ont alors décidé d’aller voir. Ils ont découvert une personne sur son téléphone. C’était le marcheur de la paix, il pianotait sur son écran tout en regardant la télévision. Les hommes armés ont pensé qu’il essayait de les dénoncer. Alors qu’il n’avait même pas conscience de ce qui se passait, selon la source locale. Ses trois autres colocataires dormaient. Sans connaitre son identité, les hommes armés ont ouvert le feu sur lui. Son corps a été rapatrié le 16 décembre à Niamey.

Depuis quand et pourquoi marchait-il ?

Le marcheur de la paix, Hamani Issaka était à sa huitième édition. Il a quitté Niamey la dernière semaine d’octobre 2020. Il prévoyait son arrivée à Diffa à la mi-décembre pour assister à la fête tournante du 18 décembre, au 62ème anniversaire de la proclamation de la République du Niger. Prévue cette année à Diffa d’où Diffa N’Glaa.

Malgré le report à une date ultérieure de ces festivités, Hamani Issaka, a voulu continuer sa marche et atteindre Diffa pour transmettre un message de paix. Par cette attaque, c’est la paix même qui est en deuil.