Tourisme : pour sauver le secteur, le Niger pense au tourisme domestique
Anafi Souleymane, directeur général de l’Agence de Promotion du Tourisme du Niger lors d'une interview à Kouré avec le Studio Kalangou à l'occasion du lancement de la saison touristique, le dimanche 27 septembre 2020 / CC - Faride Boureïma - Studio Kalangou

Tourisme : pour sauver le secteur, le Niger pense au tourisme domestique

Tous les acteurs nigériens qui ont pris la parole lors de la cérémonie de la journée internationale du tourisme couplée au lancement de la saison touristique, le dimanche 27 septembre 2020, s’étaient accordés sur la nécessité de développer un tourisme domestique, dans un contexte de tourisme international fragile.

A la question de la fréquentation touristique au Niger, Anafi Souleymane directeur général de l’Agence de Promotion du Tourisme du Niger répond : « Vous imaginez aisément que l’année a commencé avec la pandémie de la covid-19 et elle s’est poursuivie avec les attentats de Kouré, la fréquentation en terme de touristes venant de l’extérieur cette année est très faible, donc on n’a même pas besoin de chiffre, ces deux évènements qui se sont suivis ont complètement plombé le tourisme au Niger ».

Anafi Souleymane interpelle aussi bien les grandes entreprises et les nigériens, pour un changement des habitudes que les professionnels, pour une adaptation de l’offre au marché national.

Il appelle les nigériens, la classe moyenne « qui au lieu de loger dans les hôtels, les restaurants, préfèrent aller en famille et se mettre dans la promiscuité avec des parents pendant leur séjour » à s’approprier les hébergements touristiques, les lieux de restauration et de loisirs du pays. Et les grandes entreprises qui organisent des évènements culturels pour leurs personnels et des colonies de vacances pour leurs enfants de se tourner vers l’intérieur en les amenant à « découvrir le Birni de Zinder, les montages de l’Aïr et le Goulbi de Maradi » au lieu de pays lointains comme le Canada ou les Emirats Arabes-Unis.

Quant aux professionnels du tourisme, il leur suggère d’adapter leur offre aux nigériens : « Aujourd’hui, nous sommes en train d’inviter les professionnels à faire des offres alléchantes aux nigériens… on peut faire des réductions jusqu’à 25 % cela va les inciter… » en ce qui concerne l’hébergement.

Le changement d’orientation du tourisme nigérien est primordial, d’abord parce que le contexte actuel ne favorise pas les déplacements internationaux, alors même que l’offre touristique du Niger est actuellement toute tournée vers un tourisme international. Des gammes tarifaires qui ne prennent pas en compte la réalité du pays, une nuitée à 50 000 F CFA en moyenne, n’est pas accessible même à la classe moyenne du Niger.

En effet depuis quelques années, on assiste, au Niger, à la poussée de structures hôtelières haut de gamme. Le Niger rehausse ainsi son niveau d’hébergement, ce qui lui a permis de développer un tourisme évènementiel, tourné vers l’organisation de conférences sous-régionales et de championnat de football. Et ceci dans l’optique de réduire les manques d’entrées dus à la baisse drastique de la fréquentation touristique dans le pays.

Anafi Souleymane, directeur général de l’Agence de Promotion du Tourisme du Niger, exhorte les professionnels à s’approprier les richesses du Niger et à les valoriser pour une bourse adaptée aux Nigériens.

Pour pouvoir proposer des offres alléchantes au public national il y a plusieurs pistes dont celui de revenir à une politique hôtelière qui intègre également les petites structures dans son paysage hôtelier : « cela est tout à fait faisable, c’était notre politique avant… c’est depuis 10 ans qu’on a commencé à voir grand et à investir (dans les grands hôtels) ; sinon avant, toutes les villes du Niger possédait un camping touristique et il y avait des campements, il y avait Namarro… Boubon, des structures que les nigériens peuvent fréquenter… ».

L’’Agence de Promotion du Tourisme du Niger, via la voix de son directeur, montre son étonnement devant le fait qu’à Kouré, par exemple, il n’y a pas de boutique de souvenirs, ni de vente d’artisanat, ni même de vendeur de kilichi (la spécialité nigérienne de lamelles de fines viandes séchées) !

En effet, chaque région possède son propre artisanat, sa culture vestimentaire, ses rythmes musicaux ; le tourisme intérieur est une invitation lancée aux Nigériens d’aller à la découverte de ces richesses régionales inestimables.

Interview de Anafi Souleymane, directeur général de l’Agence de Promotion du Tourisme du Niger