G5 Sahel : Entre lutte anti-terroriste et combat pour le développement
Logo du G5 Sahel / Source : wikipédia.org / CC

G5 Sahel : Entre lutte anti-terroriste et combat pour le développement

Créé en 2014 sous l’égide de l’Union africaine, le G5 Sahel, ce cadre de coopération intergouvernemental, est actuellement sous la présidence tournante de la Mauritanie.

Cette organisation régionale opère sur deux axes prioritaires : lutter contre l’insécurité et mener des actions de développement dans les cinq Etats qui la composent (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

Il a fallu attendre le sommet de Bamako en date du 16 février 2017 pour voir l’officialisation de la force conjointe transfrontalière du G5 Sahel grâce à la résolution N°00-01/2017. Sa création a été actée par une résolution (2359 du 21 juin 2017) du Conseil de sécurité de L’ONU, portée par la France.

La lutte anti-terroriste

Les trafics d’armes menés par les groupes terroristes et narcotrafiquants compromettent parfois l’exercice de l’autorité des Etats membres dans leurs territoires respectifs. Le G5 Sahel compte plus de 5 000 hommes repartis en huit bataillons dans la zone des trois frontières. Elle a pour mission de combattre les groupes armés non étatiques tout en assurant la protection de l’aide humanitaire.

« A ce jour, on a environ 24 opérations et ces 7 derniers mois, on a conduit neuf opérations. Nous avons réussi à neutraliser beaucoup de terroristes, détruire leurs bases logistiques, de fabrications d’engins explosifs et on a détruit ou saisie une centaine de motos » a confié le commandant adjoint de la force conjointe du G5 Sahel, le général de brigade Mamari Camara, au micro du Studio Kalangou.

Rapport entre la force conjointe du G5 Sahel et les populations hôtes

A l’appel des organisations de la société civile malienne les 22 et 23 mai 2019, de milliers de personnes ont protesté contre l’installation du QG de la force conjointe du G5 Sahel à Bamako, après son transfert de Sévaré (commune de Mopti) « Nous ne voulons pas du G5 ici. Leur objectif est de lutter contre les terroristes. Ils n’ont qu’à prendre la direction du nord du Mali, et non venir rester à Bamako», a indiqué à l’AFP, une manifestante présente sur les lieux. Un autre d’ajouter «Il faut que les militaires du G5 partent au front. Ils ne doivent pas rester ici».

Le transfert du commandement à Bamako est lié à une meilleure opérationalisation des troupes de la force conjointe, a expliqué le général de brigade Mamari Camara : « Chaque bataillon est implanté dans son pays d’origine, donc il n’y a pas de problème de légitimité de leur présence parce qu’ils opèrent parmis la population dont ils viennent, donc la coopération est excellente avec les populations. » Et d’ajouter « Ce qu’il faut savoir, c’est que le transfert du poste de commandement de la force conjointe était prévu pour des raisons de faciliter de commandement, de communication, parce que la zone d’opération c’est toute la bande sahelio-saharienne. Et c’etait prévu de l’amener à Bamako » au micro du Studio Kalangou.

Embrigadement

Selon le Rapport Mondial sur le Développement Humain (RMDH) de 2014, les Etats du G5 Sahel affichent de faibles valeurs d’indice de développement humain IDH.

C’est pour cela que la force conjointe du G5 Sahel, au-delà de son caractère armé, repose également sur une stratégie de développement. L’article 9 du préambule de la Convention portant création de la force conjointe du G5 Sahel stipule : Réaffirme par la présente Convention leur volonté commune de coopérer entre eux et de négocier en commun avec les partenaires techniques et financiers, publics et privés, pour trouver des solutions harmonieuses aux problèmes touchant à la sécurité et au développement des Etats du G5 Sahel.

L’armée lutte également contre le recrutement des personnes vulnérables, nous explique, le général de brigade, Mamari Camara « Nous ne nous substituons pas aux organisations non gouvernemental et à ceux qui en sont les spécialistes. Dans des périodes ou la violence est assez élevée, l’armée peut apporter sa contribution. Toutes nos opérations sont accompagnées dans ce sens ».

Respect des droits de l’Homme

Dans son rapport du 10 juin 2020, Amnesty International accuse les armées du Burkina Faso, Mali et Niger d’exactions commises sur des civils. Notons que ces trois pays sont membres de la force conjointe du G5 Sahel et signataires des conventions internationales de respect des droits humains en temps de conflit.

La formation des hommes des différents bataillons de la force conjointe, est précédée de sensibilisation sur les questions de droit, explique le commandant adjoint de la force conjointe du G5 Sahel, le général de brigade Mamari Camara : « nous avons des gendarmes au niveau de tous les bataillons sur le terrain. Les actions de nos troupes sont encadrées par des règles strictes d’usage de la force ». Et de poursuivre : « Le rôle du commandement est de veiller tous les jours au respect de ses règles ».

Financement de la force conjointe du G5 Sahel

La problématique de financement de la force conjointe du G5 Sahel est toujours d’actualité et peine à mobiliser des fonds pour l’opérationnalisation effective de ses troupes.

Les cinq Etats composant le G5 Sahel financent chacun son bataillon avec leur budget national, selon le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani de la Mauritanie et président en exercice de l’institution sous régionale, lors du sommet de Nouakchott, le 25 février 2020. En attendant, la facilitation des procédures de décaissement permettant un acheminement plus rapide de l’aide annoncée par les bailleurs du G5 Sahel. Les Etats membres de l’organisation ont réitéré leurs demandes sous le chapitre 7 des Nations Unies. Une demande soutenue par la France mais qui se heurte à la réticence des Etats-Unis.

Interview  du commandant adjoint de la force conjointe du G5 Sahel, le général de brigade Mamari Camara