Crise au Sahel : Le Burkina Faso, le Mali et le Niger quittent la CEDEAO
Le Colonel major Abdouramane Amadou lisant le communiqué conjoint de l'AES sur son retrait de la CEDEAO le dimanche 28 janvier 2023 sur la télévision nationale du Niger

Crise au Sahel : Le Burkina Faso, le Mali et le Niger quittent la CEDEAO

Depuis les bouleversements politiques survenus en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso, et en 2023 au Niger, les relations entre ces nations sahéliennes et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont restées tendues. Les régimes militaires en place, annoncent désormais leur retrait immédiat de la CEDEAO, selon un communiqué conjoint diffusé le dimanche 28 janvier.

Dans ce communiqué, les dirigeants des trois États sahéliens déclarent prendre « toutes leurs responsabilités devant l’histoire » et répondre « aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations ». Le Burkina Faso, le Mali et le Niger affirment ainsi leur souveraineté en prenant la décision unanime de quitter la CEDEAO, marquant ainsi un acte significatif de rupture avec cette organisation régionale qui comptait jusqu’alors 15 membres.

Des tensions qui perdurent

La tension entre les trois pays et la CEDEAO s’était accrue au fil des années, en raison des défis communs liés à l’insécurité, au djihadisme et à la pauvreté. Les régimes en place reprochent à la CEDEAO de ne pas avoir fourni le soutien nécessaire face à la menace djihadiste qui sévit dans la région depuis 2012. Les accusations portent notamment sur le manque d’assistance dans la lutte contre les groupes armés, responsables de milliers de pertes humaines et de déplacements massifs de populations.

La CEDEAO, de son côté, a tenté de restaurer l’ordre constitutionnel dans ces pays en proie à des coups d’État successifs. Cela s’est traduit par des fortes sanctions à l’encontre du Mali et du Niger, ainsi que des menaces d’intervention militaire dans ce dernier. Les trois pays ont été suspendus de la participation aux organes de l’institution.

Des influences étrangères

Dans leur communiqué, le Burkina Faso, le Mali et le Niger accusent la CEDEAO d’avoir été influencée par des puissances étrangères, la qualifiant de « menace » pour ses membres et leurs populations, trahissant ainsi ses principes fondateurs.

Ce retrait de la CEDEAO constitue le dernier épisode en date d’une série d’actions de rupture. Les trois pays ont déjà expulsé les ambassadeurs et les forces françaises de leur territoire, manifestant un rapprochement politique et militaire avec d’autres partenaires comme la Russie.

Réaction de la CEDEAO

Face à cette annonce, la CEDEAO a réagi dans un communiqué en se déclarant prête à trouver une « solution négociée » à cette crise. Elle souligne l’importance des trois pays dans la Communauté et exprime son engagement à résoudre l’impasse politique créée par leur décision de retrait, tout en attendant une notification formelle et directe de cette démarche. La situation demeure tendue, et l’évolution des relations entre la Cédéao et ces trois États sahéliens retient l’attention de la communauté internationale.