Les anciens passeurs d’Agadez « fatigués d’attendre » que les promesses soient tenues.

Les anciens passeurs d’Agadez « fatigués d’attendre » que les promesses soient tenues.

D’anciens acteurs de la migration ont  profité d’une réunion le 8 mai dernier au gouvernorat d’Agadez pour interpeller les autorités de la région d’Agadez. Ils estiment en effet être les grands perdants de la politique migratoire (c’est-à-dire de la répression de la migration) mise en place par les autorités avec l’appui de l’Union européenne.

Ainsi, un des anciens passeurs, qui a tenu à garder l’anonymat, s’est indigné au micro de Studio Kalangou des « promesses non tenues » :

« J’ai quatre femmes, dix-sept enfants, comment vais-je vivre ? ….On nous a promis 38 milliards,  on est (descendu) à 18 milliards, puis…3 milliards. Jusqu’à présent….on n’a rien vu. C’est la marche d’un caméléon qu’on est en train de nous faire. Franchement, si les promesses ne sont pas tenues, on va retourner à notre activité première. »

Un autre ancien passeur a exprimé son désespoir : « Nous sommes fatigués d’attendre; chaque fois ce sont de fausses promesses. Au niveau de l’Etat, ils nous ont fait des promesses qu’ils ne tiennent pas. Au niveau des partenaires techniques et financiers idem. Trop c’est trop. Qu’est-ce que qu’ils veulent ? Ils veulent  nous mettre au pied du mur ? Il faut qu’ils ….fassent quelque chose. »

De son côté, Ahmed Koussa, 2ième vice maire de la commune d’Agadez « […]  s’interroge

« Jusqu’à présent, il n’y a aucun projet qui prenne en charge la reconversion [des migrants]. Pourquoi ces projets ne sont pas encore là ? ».

 Pour leur part, gouverneur d’Agadez, Sadou Soloke et le Président du Conseil régional, Mohamed Anako, ont appelé les anciens acteurs de la migration à être patient et à faire confiance aux autorités, promettant une règlement rapide de cette question.

Longtemps, le métier de passeur à Agadez a été la garantie d’un salaire; tout comme celui de tenanciers de ghetto (des hôtels à bas prix pour migrants).

Mais les temps ont changé ; en mai 2015, le gouvernement nigérien a adopté une loi contre le trafic d’êtres humains, prévoyant des peines de prison de 5 à 10 ans pour les passeurs reconnus coupables de trafic. 

Parallèlement, l’Union européenne s’est engagée à verser au Niger plusieurs centaines de millions d’euros, au titre de l’aide au développement, notamment pour sa participation à la répression du trafic de migrants.

Si ces mesures ont grandement contribué à réduire le trafic de migrants, elles ont aussi grandement déstabilisé l’économie locale. Aujourd’hui la plupart des passeurs et tenanciers de « ghettos » sont aujourd’hui au chômage.