La loi relative au trafic des migrants : les élus d’Agadez demandent de l’aide

La loi relative au trafic des migrants : les élus d’Agadez demandent de l’aide

Les 15 maires des communes et l’ensemble des conseillers régionaux d’Agadez ne sont pas satisfaits de la gestion actuelle de la question de la migration par l’Etat du Niger. Ils l’ont fait savoir dans une déclaration rendue publique hier soir, après une réunion du  cadre de concertation dans lequel ils sont regroupés.

En ligne de mire, la loi de 2015 relative au trafic illicite des migrants qui prévoit des peines de prison très lourdes  et des amendes pour ceux qui se livrent à cette activité. Studio Kalangou a interrogé le Président du Conseil Régional, Mohamed Anako

« Comment, peut-on comprendre qu’on nous empêche de mener des activités dans notre région, tout simplement parce que l’Europe ne veut pas qu’il y ait des migrants qui arrivent. Nous ne sommes pas autorisés à mener des activités génératrices de revenus à Agadez… (Si on le fait), on est considéré comme des criminels en vertu de cette loi. Non, c’est faux, nous sommes des nigériens comme tout le monde, qui se soucient de la stabilité de leur région et de leur pays. Nous voulons gagner dignement notre vie. Ces jeunes-là qui font le transport, traversent le désert…..il faut qu’ils nourrissent leurs familles au lieu d’aller voler à gauche à droite. »

Le Président du Conseil Régional, Mohamed Anako, déplore donc qu’après le vote de cette loi « on ait commencé à arrêter …les jeunes de la région impliqués dans le trafic des migrants, et à confisquer leurs véhicules..……les responsables des collectivités sont parvenus à sensibiliser la jeunesse pour dire que ce n’est pas grave, parce qu’on espérait qu’il y aurait des mesures d’accompagnement.

Mais avec le recul, on a compris qu’il n’y a pas de mesures d’accompagnement. Donc c’est pour cela qu’aujourd’hui, on a convoqué les gens pour leur dire: écoutez il n y a rien, on ne voit rien, on a interpelé nos partenaires. On a lancé un appel à notre Etat pour qu’il se ressaisisse. »

En 2015, le parlement nigérien a voté une loi prévoyant  des peines de un à 30 ans de prison, des amendes de 3 millions à 30 millions FCFA (4.500 à 45.000 euros), contre les trafiquants, ainsi que la confiscation des véhicules des convoyeurs.

La région d’Agadez, dans le nord  du Niger, était, jusqu’au vote de la loi, un important point de transit pour de milliers de ressortissants ouest-africains candidats à l’émigration vers l’Europe, via l’Algérie ou la Libye.  

Mais, en novembre dernier, le nombre de migrants traversant le Sahara via le Niger a enregistré une baisse spectaculaire, en 2016 : 1500 personnes en novembre contre 70 000 6 mois plus tôt.

Le 15 décembre dernier, l’Union européenne a félicité l’Etat du Niger pour les efforts fournis notamment avec l’arrestation et la condamnation de passeurs.