Boubon, terre de poterie et de bétail
Des poteries dans le marché rural de Boubon / Studiio Kalangou

Boubon, terre de poterie et de bétail

Bourgade à environ 25 kms de Niamey, Boubon, le centre de poterie le plus proche de la capitale reste encore aujourd’hui un moyen pour découvrir un lieu pittoresque, en bordure du fleuve Niger.

En venant de Niamey, c’est la route de Tillabéry qu’il faut emprunter, puis une piste latéritique, à gauche, conduit directement au village.

Chaque mercredi, jour de marché, la visite est plus intéressante, si l’on ne se formalise pas avec les demandes de cadeaux de la part de petits et grands.

Les marchés de Boubon

Boubon compte deux marchés, celui des vivres et de l’habillement et celui des animaux. Ce dernier désormais moderne se trouve à quelques kilomètres du village.

Au cœur de la ville, au marché hebdomadaire des vivres, le visiteur est d’abord accueilli par une haie de vendeurs de viandes grillées. C’est l’une des friandises dont raffolent les citadins de passage ici. A défaut de s’acheter un souvenir en poterie, ils achètent et dégustent la viande grillée sur le chemin du retour.

Sur les étals du marché, on trouve du riz de production locale, le riz blanc et le brun, provenant des rizières du fleuve Niger ; ici, on ne mesure pas en kilogramme mais en boite de tomate ou Gobelet et en tia, des mesures locales qui correspondent respectivement à 1 et 2,5 kg en moyenne. A côté des étalages de riz, on trouve des légumes cultivés sur les bords du fleuve Niger, comme des oignons et du gombo.

En quittant le village, sur la gauche, se trouve le nouveau marché de bétail, inauguré le 15 juillet 2020. Sa construction a mobilisé près de 155 millions de F CFA selon M. Ali Seybou, le maire de Karma, la commune rurale dont dépend la bourgade de Boubon. Dans ce marché, les éleveurs de toute la sous-région se côtoient, et ce sont les intermédiaires qui font et défont le marché entre ces éleveurs et les acheteurs. A un mois de la fête de la Tabaski, voici ce que disait l’un d’entre eux rencontré sur le marché de bétail de Boubon, Souley Oumarou, intermédiaire évoque le prix du bétail et la période de pic d’affluence de la clientèle : « La traite des moutons vient juste de commencer car c’est bientôt la fête de la Tabaski. La clientèle arrive petit à petit… Vous savez aussi que les citadins n’achètent pas leur mouton à l’avance à cause de l’espace où l’élever… Il y en aura pour toutes les bourses : 50 000, 60 000, 100 000 et même 25 000f cfa ».

Qui vient aux marchés de Boubon ?

Le marché de Boubon draine chaque mercredi, au moins trois catégories de publics : vendeurs, acheteurs et visiteurs. Les vendeurs de bétail, qui à la fin de la journée achètent des vivres (riz, condiments), des pagnes ou des bijoux importés. Les vendeurs de vivres, d’habillement et accessoires, eux, achètent du petit bétail pour agrandir leur élevage domestique. Il s’agit là de troc bien organisé entres les riverains. Il y a également les citadins qui viennent de Niamey, pour acheter de la viande, du bétail à moindre coût. Et une troisième catégorie qui se fait rare depuis une dizaine d’années, il s’agit des visiteurs qui viennent principalement découvrir ou redécouvrir le village. Rare mais pas inexistant, notre équipe, en reportage sur place le mercredi 16 juin 2021, a rencontré des visiteurs américains, 30 ans d’âge en moyenne, venant juste d’accoster leur pirogue, il n’est pas encore 11h, eux, ils ont décidé de venir à Boubon par la voie fluviale. Des grands visiteurs car chacun a, à son actif, visité plus de 100 pays sur les 193 que compte le monde. Andrina, la plus francophone des quatre nous a accordé une interview « Je suis à mon 145e pays… Ici au Niger, nous apprécions les spécialités culinaires… En terme de lieux, nous avons visité le grand marché, la grande mosquée et aujourd’hui nous visitons le marché de Boubon ». Une du groupe nous a confié qu’il lui manque juste 3 pays pour clôturer son tour du monde !

Balade au fil de l’eau

Une croisière sur le fleuve est certainement le clou du spectacle lors d’une visite de Boubon. Le regard balaye l’étendue des eaux se posant alternativement sur la faune aquatique, les autres pirogues en voyage et les habitations le long des berges.

Les piroguiers assurant ces croisières sont regroupés en une association informelle avec un chef à leur tête, nommé Sarki. C’est lui qui conseille de rester à quai ou de naviguer en fonction des caprices de la météo comme le vent. Il décide également du nombre de personnes indiquées par pirogue en fonction de la taille de chacune. Ainsi, une pirogue moyenne doit prendre 5 personnes pour être capable de s’en sortir dans n’importe quelle situation. Au-delà de ce nombre, le piroguier prend des risques.

Boubon, terre de poterie

Même si côté poterie la bourgade perd en substance et en dynamisme, Boubon reste une adresse de potières, où le visiteur a encore beaucoup à apprendre. L’une d’entre elles, nous a accosté dans le marché, au niveau de la vente des poteries, elle nous annonce d’emblée « Je peux vous montrer tout le processus de la fabrication d’une jarre, canari, de la glaise jusqu’à la cuisson… moyennant un cadeau ! ».

Nous apprenons qu’avant l’arrivée des marmites en métal, les femmes du village utilisaient ces poteries en terre cuite pour préparer le repas.

Cuire la poterie, une fois modelée, est une vraie institution ici. Chaque quartier possède son lieu de cuisson, et la cuisson se fait en commun, avec des jours bien déterminés. La semaine est scindée entre jours de fabrication, jours de cuisson et jour de marché, où toutes les poteries sont acheminées et exposées sur la place.

Talatah ABDOU BAHAR