Niger : cas de viols perpétrés à Téra par les militaires tchadiens du 8e bataillon de la force conjointe du G5 Sahel
Des soldats tchadiens assis dans une camionnette alors qu'ils quittent Bangui le 4 avril 2014 / MIGUEL MEDINA / AFP

Niger : cas de viols perpétrés à Téra par les militaires tchadiens du 8e bataillon de la force conjointe du G5 Sahel

Au cours de la semaine dernière, 3 cas de viol et plusieurs autres tentatives de viols ont été signalés dans le département de Téra, région de Tillabéry. Tous ces actes ont été perpétrés par les militaires tchadiens du 8e bataillon de la force conjointe G5 Sahel déployée dans la zone des 3 frontières (Mali, Niger et Burkina).

Ces actes ont été commis sur trois femmes dont une fille mineure âgée de 11 ans. Les deux autres victimes sont des femmes mariées âgées respectivement de 23 ans et 32 ans et cela s’est passé en présence de leurs maris qui étaient sous la menace d’arme à feu.

Suite à une expertise d’un médecin légiste, ces viols et tentatives ont été confirmés par la CNDH (Commission Nationale des Droits Humains), la force conjointe G5 Sahel et l’Etat-major de l’armée tchadienne.

Selon un communiqué disponible ici de la CNDH, qui a fait le déplacement sur le terrain afin de faire le constat, ces actes sont triplement condamnés par la loi : « pour prévenir ces types d’agressions, plusieurs textes internationaux, (sous-) régionaux et nationaux ont été adoptés pour la protection des femmes et des enfants, notamment en période de conflit ». Il s’agit de « l’article 27, alinéa 2 de la 4e convention de Genève qui dispose explicitement que les femmes seront spécialement protégées contre toute atteinte à leur honneur, notamment contre le viol, la contrainte à la prostitution et tout attentat à la pudeur » article qui a été violé à travers ces actes, « la constitution du 25 novembre 2010 en ses articles 11 et 22 dispose que l’Etat prend les mesures de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants dans la vie publique et privée » selon toujours le communiqué de la CNDH.

La force conjointe du G5 Sahel non plus n’est pas restée silencieuse face à ces violations, elle a publié un communiqué dans lequel elle fait cas du « retrait immédiat des mis en cause des effectifs de la force, du rapatriement dans leur pays d’origine, de l’initiation de sanctions disciplinaires, de l’ouverture d’une enquête pénale de concert avec les systèmes de justice pénale en vigueur, de la prise en compte immédiate des victimes, nonobstant les autres mécanismes qui accompagnent la force, du rappel formel de l’exigence de respect des droits humains et du devoir d’exemplarité des militaires de la force, qui devra être fait par chaque commandant de bataillon aux militaires placés sous ses ordres » . communiqué disponible ici.

L’Etat tchadien à travers l’Etat-major des armées s’est prononcé : « l’Etat-major des armées se désolidarise de ce comportement indigne et présente ses compassions aux victimes ainsi qu’à leurs familles respectives ».

Du côté de la population, les avis diffèrent, pendant que certains condamnent d’autres demandent à faire preuve de pardon.

Au micro du Studio Kalangou, cette citoyenne de la ville de Téra suggère que « les soldats coupables de cet acte barbare soient si possible relevés de leurs fonctions ». Cette autre citoyenne n’est pas de cet avis « ce qui leur est arrivé c’est le fruit du destin, elles doivent l’accepter, ils ont été amenés ici pour nous protéger, demain nos frères aussi peuvent aller chez eux et commettre une faute ; donc si nous disons que nous ne leur pardonnons pas, eux aussi pourraient réagir de la même manière. ».