Tahoua : Visite des autorités à Bakorat après les attaques de Tillia

Tahoua : Visite des autorités à Bakorat après les attaques de Tillia

Jeudi 25 mars 2021, les autorités nigériennes se sont rendues sur les lieux des attaques de Tillia, notamment à Bakorat, le village qui a payé le plus lourd tribut des attaques ayant occasionné plus de 140 hommes tués selon une source locale.

Cette visite officielle avec les humanitaires des nations unies intervient quatre jours après les attaques meurtrières du dimanche 21 mars. C’est une délégation musclée qui s’est rendue sur place, le ministre de la défense, Issoufou Katambé, le ministre de l’intérieur, Alkache Alhada, et le ministre de l’action humanitaire Habou Moussa.

A cette occasion, le ministre de la défense Pr Issoufou Katambé a rappelé la quiétude qui régnait dans la zone jusqu’à ce que ce drame arrive « l’année passée lorsque j’étais venu ici, je vous avais demandé ce qu’il en était de la sécurité, chacun de vous avait répondu qu’elle était excellente, que l’on peut même passer la nuit dans la brousse sans avoir peur. Mais ce qui pose problème actuellement, tout le monde le sait, c’est parce que la force de l’opération militaire shara a diminué. Il y a un an de cela aucun bandit ne pouvait rentrer ici, mais depuis la diminution des effectifs de cette opération, les bandits sont en train de revenir. Pour pallier à cela cette opération sera redéployée ici, les effectifs qui ont été affectés vont être reconstitués, vous savez que lorsqu’ils étaient présents, ils faisaient constamment la patrouille, ce qui n’est plus le cas maintenant, mais tout cela va bientôt reprendre. Nous avons une question pour vous, ces personnes de quels cotés sont-elles venues et est-ce-que vous les connaissez ? », en parlant des assaillants.

Quant au ministre de l’intérieur, Alkache Alhada qui s’est exprimé en Tamasheq, il appelle la population à l’union, car l’union fait la force et à ne pas céder à l’impulsion de vouloir se venger, voilà ces propos : « C’est qui vient de se passer ne doit plus se reproduire, nous l’espérons de tout cœur. Nous savons que ce qui vient de se passer est très dur pour tous, néanmoins nous devons renoncer aux vengeances, aux représailles, parce que si nous ne renonçons pas à cela, ça sera le chaos. Nous vous demandons, nous savons que cette demande intervient dans une période de deuil, pour quelqu’un qui a perdu un membre de sa famille, son cœur pleure encore. Mais nous vous demandons que cela ne déclenche pas une guerre inter ethnique ». Le ministre a poursuivi en rappelant les massacres qui frappent la région de Tillabéry. Il s’est posé la question et a invité toute la population à se la poser, à savoir dans quel but ces individus armés perpétuent-ils ces attaques. Pour Alkache Alhada, le seul but de ces assaillants est de monter les uns contre les autres conduisant ainsi à une guerre inter ethnique. Pour éviter cela, il appelle chacun à mettre l’intérêt commun, l’intérêt du pays au-delà de celui de l’individu, au-delà de celui de l’ethnie.

Il a également évoqué les années de rebellions touarègues : « Il fut un temps où les Touaregs avaient pris les armes, des années après, ils se sont rendus comptent que cela n’était bénéfique à personne, et là ils ont déposé les armes. Ils se sont mis d’accord avec le gouvernement. Et ceci nous a préservé de ce qui s’est passé au Mali. Aujourd’hui, je vous demande de retenir cela et de s’unir, et le gouvernement aussi doit apporter son aide dans ce sens. Tout ce que vous devez faire faites-le avec le gouvernement, dans ce cas ça bénéficiera à tous. ».

Une aide apportée à la population de Tillia

La population de Tillia a commémoré le troisième jour du drame le 25 mars, les morts sont désormais enterrés, mais la douleur des proches et les horreurs vécues sont encore vives. L’atrocité est innommable. Selon une source locale, 3 jeunes enfants, de 4 à 6 ans, ont été enlevés par les assaillants, et un bébé de 3 mois figure parmi les tués.

Au-delà de la réponse sécuritaire, les autorités ont apporté une aide humanitaire à la population, le ministre de l’action humanitaire, Mr Lawan Magagi a pris la parole : « Cette situation a engendré beaucoup de dégâts, il y en a qui ont perdu leur mari, d’autres leurs enfants et certains leurs femmes. Actuellement à Bakorat il n’y a plus d’homme, il n’y a que des femmes, comment une ville où il n’y a que des femmes peut-elle survivre ? Donc nous vous avons apporté une aide, mais quelle qu’en soit cette aide elle ne peut ramener vos morts et ce que vous avez perdu ».

Les dons proviennent des ONGs et de l’Etat. Plusieurs tonnes de riz, des litres d’huiles, des sacs de sel, de sucre et des cartons de thé ont été livrés à la population par cette délégation.

Talatah Abdou Bahar et Zeinabou Abdou Saidou