Mariage des enfants : Entre danger et inégalité
Des filles rassemblées à l'entrée de leur maison dans le village de Malamawa, dans la région de Zinder, au Niger, le 30 juillet 2019 © Luis TATO / FAO / AFP

Mariage des enfants : Entre danger et inégalité

Au Niger, le mariage des enfants est une réalité et le pays possède le plus fort taux de ce type de mariages au monde. Selon UNICEF (2016) 75 % des filles nigériennes sont mariées avant leur dix-huitième anniversaire, 28 % d’entre elles sont mêmes devenues des épouses avant leur 16 ans.

Cependant, certains parents justifient le mariage des enfants par la pauvreté ou comme prévention à la débauche ; d’autres mettent en avant la religion. Pour Aboubacar Bizo Rachida, secrétaire permanente du Cadre Consultatif Nigérien des Enfants et Jeunes ( CCNEJ ) ces affirmations ne sont point justifiables «  au XXIe siècle nous ne pouvons pas continuer à concevoir que des jeunes filles soient données en mariage à l’âge de 12-13 ans pour justifier la pauvreté ou l’ignorance. » Et d’ajouter : « c’est aussi une question que nous avons personnellement posée aux oulémas et qui nous disent que la question n’est pas là, que les gens interprètent mal les préceptes coraniques. De ce fait, nous ne pensons pas que ces causes que les gens avancent puissent justifier le mariage des enfants ».

L’article 144 du Code civil au Niger fixe l’âge minimum de mariage à 15 ans pour la fille et 18 ans pour le garçon. Selon la secrétaire permanente du CCNEJ, il y a rupture d’égalité : « cette inégalité qu’il y a dans le Code civil nigérien, la contradiction avec la CDE (Convention des Droits des Enfants) que le Niger a ratifié doit être uniformisée. Nous l’avons acceptée, nous l’avons ratifiée ; pourquoi est-ce que nous permettons aux enfants des moins de 18 ans de se marier ? ».

L’article 144 limite les actions du Cadre Consultatif Nigérien des Enfants et Jeune, poursuit Boubacar Bizo Rachida : « même s’il y a des enfants qui disent leur non contentement… à 16 ans vous ne pouvez plus intervenir parce que … l’article 144 leur permet de se marier. »

La Convention relative aux droits de l’enfant consacre 4 principes qui doivent subordonner la mise en œuvre de l’ensemble des droits qu’elle prévoit : la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à la survie et au développement, le respect de l’opinion de l’enfant.

Le non-respect et la non prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant constituent un frein, explique Boubacar Bizo Rachida « c’est d’être à l’école, c’est de contribuer dans son développement personnel, c’est aller à l’école apprendre beaucoup de choses. Quand une fille est éduquée, c’est une famille qui est épanouie et c’est une communauté qui est aussi développée. ».